Manu Chao revient mettre de la couleur dans les bacs –et dans les têtes- avec le double CD live Baionarena, qui retrace sa tournée internationale en compagnie du groupe Radio Bemba en insistant sur le show donné en juin 2008 pendant les célèbres et très arrosées fêtes de Bayonne. Une valeur sure qui vient conforter la réputation de cet emblème du rock français à la sauce piquante, et rappeler qu’en plus de ses titres accrocheurs et dénonciateurs, c’est bien sur une scène que Manu révèle tout son potentiel.
Une forte dose de rock, certes, mais voilà qui serait bien réducteur pour un artiste qui sait si bien mêler les influences, greffant des sonorités ska ou encore reggae à la grande majorité de ses morceaux, créant un mix des sons bien particulier qu’incarne parfaitement « El Hoyo ». Au-delà de cette singularité musicale reconnaissable entre mille, le groupe nous livre ici des titres qui ont joui d’une telle popularité que bien peu de passages dans l’album ne diront rien à l’auditeur, qu’il soit un addict ou non du phénomène. Peu de singles manquent en effet à l’appel, puisqu’on peut juste noter l’absence des plus que repris « Je ne t’aime plus » et « Bongo Bong » dans la liste, mais avec un tel panel de tubes, il fallait bien faire un peu de tri.
D’autant plus que les incontournables « Mala Vida » et « Sidi H’Bibi » de
Mano Negra ne sont pas oubliés dans la setlist, et encore moins dans le cœur des fans qui se manifestent quelle que soit la salle où les titres sont enregistrés. Il faut dire que
Manu Chao sait faire monter l’ambiance en interpellant fréquemment le public, évidemment déjà conquis mais qui saute sur l’occasion pour chanter des inconditionnels comme «
Clandestino » ou devenir aussi bondissant que son idole sur des titres comme « Radio Bemba ». Ce dernier n’oublie d’ailleurs pas de saluer à plusieurs reprises la performance des membres de son groupe, qui ont pour l’instant du mal à sortir de l’ombre imposante de Manu dans l’esprit des moins connaisseurs.
Contesté par certains –on pensera notamment aux Wampas- en raison de son niveau de vie contradictoire pour un altermondialiste, l’artiste continue néanmoins à dénoncer subtilement, faisant passer ses idées contestataires dans la bonne humeur et au sein d’une ambiance festive. Quel meilleurs vecteurs que des morceaux énergiques comme « Rainin’ in Paradize » ou « Hamburger Fields/Merry Blues » pour faire bouger les corps et les esprits aux quatre coins du monde? L’homme au bonnet frappe et frappe encore, plus assez cependant pour les puristes et adeptes de ses frasques musicales antérieures. Le Manu a effectivement grandi, et de ce fait ralenti le tempo, même si ceci n’affecte sa musique que ponctuellement et ne lui enlève en rien son charme. D’ailleurs des morceaux comme le fameux « La Vida Tombolo », soit le «
Clandestino » de Radiolina, réussissent à mixer sur scène la douceur de la ballade et l’énergie des premiers temps.
Ainsi, Radio Bemba et leur Baionarena sont bien partis pour enflammer vos enceintes après avoir mis le feu aux scènes du monde entier. Ne reniant pas son passé et la Mano,
Manu Chao retrace avec une énergie hors du commun son aventure solo, interprétant ses titres phares mais aussi les autres devant un public qui a su répondre présent. Peut-être pas un altermondialiste exemplaire, peut-être plus aussi virulent, sa musique fait néanmoins cogiter au travers d’une énergie positive qui fait de lui un grand artiste, et ce, incontestablement.
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