En 1968, le rock gère l’après psychédélisme, les nombreux groupes à se partager les sommets multiplient les albums visionnaires et façonnent le futur rock des années 70. Loin de toutes ces préoccupations, les Kinks continuent sur la voie de leurs 2 précédents albums et baptisent leur dernier né avec un titre ostensiblement nostalgique. Cette nostalgie se ressent sur la musique du groupe, assez paisible et chantant l’Angleterre rurale d’autrefois sur fond de pop typiquement british. Malgré cette orientation qui parait assez proche des très bons Face to Face et Something Else, ce Village Green Preservation Society ne parvient pas à en atteindre le niveau, la faute à un manque cruel d’énergie et une mollesse généralisée parfois épuisante.
Pourtant, la qualité de composition est bien au rendez-vous, les bons pop rock Picture Book, Do You Remember Walter, Wicked Annabella ou le rêveur Starstruck sont dignes de la réputation du groupe, les mélodies pop y sont toujours aussi succulentes et l’accroche est garantie. Bien dosé dans les albums précédents, ce style de pop frise ici l’overdose, et quelques titres comme Village Green ou All of My Friends Were There semblent clairement de trop. Seule consolation rock, Last of the Steam-Powered Trains permet le temps d’un titre de retrouver le rock ‘n’ roll tranchant officié dans les premières heures des Kinks, le son étant bien sur plus soigné qu’en 1964. A lui seul, ce titre ne suffit pas à pallier le manque général d’aplomb, pas plus que les quelques restes psychédéliques comme Big Sky, toujours très parodique et néanmoins toujours aussi bienvenus.
Dans leur évolution pop champêtre, les Kinks se sont sans doute vus trop beaux sur leurs 2 précédents albums et en gommant presque totalement les traces de leurs débuts ont produit un album à la qualité indéniable mais qui n’a pas l’étincelle supplémentaire que pouvaient détenir Face to Face et Something Else. De plus ses meilleurs moments sont noyés par un excès de titres, et le tri est indispensable pour apprécier la qualité de composition des frères Davies qui malgré tout parviennent à produire quelques belles perles pop.
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