Considéré par beaucoup comme l’album de tous les dangers, le troisième opus d’un groupe est, la plupart du temps, l’occasion de constater l’évolution d’un groupe et la maturité qu’il a pu atteindre. Dans le cas d’un combo comme les Black Crowes, ayant déjà 2 chefs d’œuvres à son actif, il est d’autant plus dangereux car le groupe se doit de faire preuve d’une certaine évolution sans pour autant désorienter ses hordes de fans. Autant dire que des sentiments, mélange d’excitation et d’angoisse, se bousculent au moment de poser ses oreilles sur ce "
Amorica", dont la pochette d’un goût discutable, pourra en inquiéter certains.
Et autant dire que le challenge est encore relevé haut la main par les frères Robinson et leurs acolytes. Car, si le style des Black Crowes reste aisément reconnaissable, en particulier grâce à la voix chaude et inimitable d’un
Chris Robinson réussissant encore une improbable progression, "
Amorica" marque cependant une évolution dans l’œuvre du combo. En effet, cet album fait parti de ces œuvres rares qui doivent se mériter. Adeptes des compositions assimilables dès la première écoute, passez votre chemin, car vous ne trouverez pas de "Hard To Handle" ou de "
Sting Me", hits immédiats illustrant les deux albums précédents des noirs volatiles. C’est à partir des secondes, voire troisièmes écoutes que "
Amorica" commence à vous envahir, à vous hypnotiser et à vous enlacer dans ses mélodies toujours aussi chaudes, mais plus complexes et plus alambiquées dans leurs structures. Chaque titre s’incruste un peu plus en vous à chaque passage sur votre platine, pour devenir la bande sonore de votre vie et de vos émotions.
Chaque titre semble faire partie d’une histoire qui devient la nôtre et nous laisse le sentiment d’avoir participé à quelque chose d’exceptionnel après chaque écoute de "
Amorica". Nous avons partagé la colère de
Chris sur les couplets de "A Conspiracy", fait la fête avec le groupe sur les rythmes moelleux de "High Head Blues", arpenté les rues d’un ghetto sur le riff crasseux de "P.25
London" ou regardé le paysage défiler derrière les vitres de leur road-bus tout au long de la montée en puissance de "Wiser Time". La musique des Crowes et le chant de
Chris sont devenus plus profonds et viennent directement de l’âme des 6 membres du groupe pour nous envelopper et prendre possession des nos sentiments.
Des percussions qui ouvrent "Gone" aux douces notes de piano qui clôturent "Descending", "
Amorica" est un œuvre incontournable d’un blues-rock oscillant entre la puissance d’un hard-rock US à la
Aerosmith, la chaleur du blues ou du gospel, et le rythme de la soul music. Sans posséder de hit radio, il regorge cependant de moments inoubliables d’une musique réussissant à être accrocheuse, complexe et intemporelle à la fois. Chaque titre voit la musique et les mélodies être en phase avec des thèmes tels que l’amour, la séparation, la misère et les tourments de l’âme, le tout étant transcendé par un
Chris Robinson au sommet de son art. Parfaitement à l’aise dans son époque avec ses racines plantées dans les années 70, et renforcés par une honnêteté sans faille, les Black Crowes donnent une nouvelle leçon à ceux qui attendaient de les voir chuter et nous offrent un nouveau monument de l’histoire du southern rock dont ils sont devenus des ambassadeurs uniques, originaux et incontournables.
Merci pour la chronique.
La demoiselle de la cover à le persil qui dépasse du cabas en tout cas !
C'est pas joli joli tout ça !
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