1975 fut une année assez glorieuse pour le monde du rock :
Led Zeppelin nous sort son fameux "Physical Graffiti",
Queen sort "A Night at the Opera" qui sera un des plus grands disques de rock de la décennie,
Pink Floyd maître incontesté du rock progressif et expérimental sortira également son "Wish You Were Here", et puis
Kiss nous sort brusquement ce "
Alive!" qui sera un véritable carton que personne n'avait vu venir.
Aujourd'hui présenter
Kiss peut sembler inutile, tant le groupe jouit depuis fort longtemps déjà d'une réputation et d'une reconnaissance artistique planétaire au même titre qu'un AC/DC ou qu'un Black Sabbath, pourtant il convient de s'interroger sur le commencement de ce succès mondial qui a fait du groupe
Kiss une légende du rock aux débuts pourtant difficiles comme nous allons le voir. Fondé en 1973 à New York,
Kiss est constitué de 4 musiciens pour le moins talentueux (dont
Paul Stanley au chant/guitare qui s’avérera être une des plus belles voix du rock par la suite), et surtout très ambitieux au point d'être prêt à tout pour sortir de la mêlée et se faire remarquer, ils optent alors pour des tenues (la plupart achetées dans des boutiques SM) et des maquillages outranciers. Ajoutez à cela quelques effets pyrotechniques :
Ace Frehley guitariste prodige qui fait cracher du feu de sa guitare,
Gene Simmons à la langue démesurément longue qui crache feu et sang, ou encore la batterie de
Peter Criss s'élevant au dessus de la scène dans un feu d'artifice, et vous obtenez le parfait "cirque du rock" dont
Kiss sont les créateurs. Malgré tant d'efforts sur le plan scénique les ventes d'albums sont moyennes, un peu trop en comparaison à l'argent investi dans des shows originaux certes, mais surtout assez coûteux et peu rentables. C'est pourquoi ce disque "
Alive!" est apparu,
Kiss étant réputé pour ses prestations scéniques de haute volée, les membres décident de jouer le tout pour le tout afin de décoller à l'échelle internationale, ils décident donc de tout miser sur la performance live! Les mauvaises langues pourront alors dire que
Kiss mise tout sur le paraître et rien sur le fond musical, mais c'est faux, l'album "
Alive!" a beau être un album "live", il n'empêche que le visuel n'est pas présent lorsque l'on écoute cette pièce maîtresse de la discographie du groupe. Ne subsiste donc que la musique pour ceux qui seraient allergiques aux tenues de nos 4 héros maquillés, et elle est très bonne!
Ça démarre sur les chapeaux de roue avec un "
Deuce" véritablement agressif et bourré d'urgence, on à l'impression que le groupe joue comme si il s'agissait de leur tout dernier concert, les parties vocales sont nettement plus relevées que sur la version originale et le rythme de la batterie et du riff principal sont joués environ 3 à 4 fois plus vite que sur le premier album éponyme. En écoutant "
Alive!" on comprend mieux pourquoi les trois premiers disques du groupe se sont moins vendus comparés à celui-ci, les versions des albums originaux paraissent tellement molles comparées à celles issues du présent album! Bien sûr on retrouve bon nombre de classiques qui étaient déjà indémodables : "
Strutter" au refrain quasi-pop qui se défend aussi bien en live qu'en studio notamment, mais pour le reste tout y est absolument transcendé! Ainsi "
Nothin' to Lose" devient un morceau hyper énergique et encore plus rock'n'roll que l'original, les chœurs du batteur qui accompagnent le morceau sont presque proches de l'hystérie. Parmi ces morceaux anthologiques présents sur cet album, on retrouve également "Parasite" relativement plus sombre et hargneux que le reste son riff de guitare étant relativement rapide et saccadé, ainsi que "She" au rythme lent puis à la fin duquel
Ace Frehley nous gratifie d'un solo de guitare qui restera gravé comme étant un des plus démonstratifs et mythiques de l'histoire du Rock celui-ci occupant à lui seul presque les 3/4 du morceau et des changements de rythmes et de tonalités bluffantes. Pour ce qui est des démonstrations techniques du groupe il y a également "100.000 Years" au solo de batterie à rallonge (seul bémol du disque si il faut en chercher un), ainsi que le classique "Black Diamond" chanté sur un rythme effréné par un Peter Cris impressionnant de maîtrise tant au niveau du chant que de la batterie, et "Rock Bottom" s'ouvrant tous deux par des arpèges mélodiques fort bien venus pour éclaircir ces ouragans électriques balancés par le groupe pendant presque une heure et demi.
Et puis surtout, on retrouve le premier "gros classique" du groupe : "
Rock and Roll All Nite" au refrain hyper-entraînant chanté en duo par
Paul Stanley et
Gene Simmons qui, dans sa version live, va cartonner dans les charts et assurera du coup la promotion du disque dont la sortie sera saluée par la critique. Grâce à leur talent de performeurs "live",
Kiss a non seulement survécu mais a d'un seul coup acquis une popularité et un respect grandissant, certains rock-critiques n'hésitant pas à nommer cet album : meilleur album live de tous les temps au côté d'un "Made in
Japan" de
Deep Purple. Grâce à ce coup d'éclat,
Kiss était dors et déjà devenu un groupe de rock légendaire à suivre de très près, mais qui devait encore prouver sa valeur en fournissant des albums studios capable de percer commercialement, chose qu'ils réussiront haut la main jusqu'en 1980, année qui marquera le début de quelques crises pour le groupe mais dont il se relèvera toujours plus fort jusqu'à aujourd'hui où 40 ans de carrière en disent long sur la ténacité d'un des grands noms du rock :
Kiss.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire