Allez savoir pourquoi, mais certains groupes sont méconnus de notre côté de l'Atlantique et ce en dépit de leur talent. Ce fut notamment le cas de
Rush pendant de nombreuses années et ça l'est encore aujourd'hui pour d'autres, notamment
Eric Johnson dont nous allons parler à travers cette chronique. Pourtant le gars a quand même participé à la première édition du G3 de
Joe Satriani, ce qui n'est quand même pas rien vous l'admettrez.
Alors, penchons-nous sur
Ah Via Musicom, sorti en 1990, et qui est sans conteste le plus grand succès commercial de ce guitariste hors-norme.
La piste éponyme qui démarre l'album, instaure une ambiance étrange, à la limite de la cacophonie avec ses synthétiseurs. Puis la guitare prend progressivement le dessus, se faisant de plus en plus claire pour soudainement se retrouver seule : "Cliffs of
Dover" débute par un sublime mini-solo, véritable point de départ de cet album et d'une claque musicale de haute volée.
On peut diviser cet album en deux : les pistes instrumentales, au nombre de 7 et celles où Eric pousse la chansonnette (4 donc). Parlons tout d'abord de ces dernières.
Si la voix d'Eric n'est pas désagréable (loin de là), elle est toutefois assez peu originale, sans grand talent vocal (en même temps c'est pas ce qu'on regarde en premier chez un guitar hero). Et pourtant, ces pistes sont très intéressantes, permettant de prendre toute la mesure de l'intelligence d'écriture d'Eric. Il ne place pas un solo pour placer un solo, les notes qu'il utilise sont choisies judicieusement. La power ballad "Desert Rose" évite ainsi de tomber dans le déjà-vu grâce à deux solos absolument géniaux. "Nothing
Can Keep from You" aurait également été une simple ballade pop-rock si elle ne se terminait pas par ce solo d'1min30. Quant au bluesy "High Landrons", là encore les phrasés et solos de guitare sont vraiment hyper bien pensés, donnant une toute autre dimension au morceau. Dernière piste chantée, "Forty Mile Town" peut, selon moi, être qualifiée de dispensable, son ambiance étant vraiment trop proche du mièvre (avec ses discrets cœurs féminins notamment).
Attardons-nous maintenant sur les pistes instrumentales, preuve de l'éclectisme d'Eric. Les courts mais non moins excellents "Steve's Boogie" et "Song for George" proposent respectivement un boogie (Si, si je vous assure !) dansant, plaisant et évitant de rapidement lasser de par sa durée restreinte (encore une intelligence d'écriture) et une ambiance Ouest américain renforcée par la présence d'un harmonica. Eric explore tous les fondements du rock, "Trademark" étant une piste très Blues Rock absolument irréprochable, vraiment très plaisante ; "Righteous" se révélant être du Hard Rock'n'Roll efficace et "East Wes", plutôt jazzy, apparaît comme une solide conclusion à cet album décidément très riche. Enfin, comment oublier "Cliffs of
Dover" ? summum technique de l'opus, avec un rythme syncopé des plus agréables, un solo absolument jouissif, un riff du tonnerre etc. Un rock instrumental quasi parfait, à la limite de l'addictif.
Un petit mot sur les autres musicos qui font très bien leur boulot, juste ce qu'on leur demande. Avec une mention spéciale à la basse que j'ai vraiment apprécié, et ce sur plusieurs pistes. Concernant la production, bien que de bonne qualité, je lui ferais tout de même le reproche de trop faire ressortir la batterie (un chouïa trop) et d'étouffer quelque peu les instruments additionnels comme les claviers.
Album remarquable donc que ce
Ah Via Musicom. Sa qualité technique, le panel de styles proposés ou encore l'intelligence de composition des morceaux font de cet opus un excellent cru et d'
Eric Johnson un guitariste méritant tout notre respect.
A découvrir de toute urgence.
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