Lancée en 1979 par "
Overkill", et poursuivie par "
Bomber" la même année, la trilogie des albums incontournables de
Motörhead se voit complétée dès 1980 par un "
Ace of Spades" qui va lui aussi marquer l'histoire du Hard-Rock. Dès sa pochette, cet opus est exceptionnel. En effet, Snaggletooth (l'icône et mascotte du groupe) n'apparaît exceptionnellement pas, et laisse sa place au trois membres du groupe déguisés en pistoleros posant au milieu d'un désert qui se révèlera n'être en fait qu'une carrière du Nord de Londres.
Pourtant, la recette de Lemmy et sa bande reste la même. Ce dernier attaque sèchement sa Rickenbacker à grands coups de médiator, suivi par la batterie tachycarde de Phil "Animal" Taylor, et alors que "Fast" Eddie Clarke lance son riff ravageur, nous savons déjà à quelle sauce nous allons être mangés dès les premiers accords d'un titre éponyme introductif et légendaire. La locomotive est déjà chauffée à blanc et tout se qui se mettra sur son chemin sera piétiné sans pitié. Comme à son habitude,
Motörhead met les potards à 11, colle le pied au plancher, et tout le monde en redemande alors qu'à la manière d'un AC/DC, la recette ne bouge quasiment pas d'un album à l'autre. Bien sûr, le trio s'offre quelques originalités comme sur le solo d'un "(We Are) The Road Crew" qui rend hommage à l'équipe technique qui l'accompagne sur les routes. En effet, pris d'un fou rire, Clarke est obligé de s'interrompre et déclenche un larsen qui sera cependant gardé, preuve de l'intégrité du groupe, tout comme l'intro recommencée d'un "
Bite the Bullet" immédiat et plein de cette énergie punk qui caractérise en partie la musique de
Motörhead.
Car elle est là l'arme fatale du combo britannique: ces gars vivent leur musique avec intensité et authenticité, et tout cela transpire de chacun de leurs titres pour empêcher toute trace de résistance. Sur ce "
Ace of Spades", la majorité des titres déboule à un rythme des plus soutenus comme sur le cinglant "Fire Fire" ou le contestataire "Jailbeat" avec sa double-pédale et son riff aux légers accents de "School's Out" d'
Alice Cooper. Mais lorsque le tempo ralentit, cela ne se fait jamais au dépend de l'efficacité ("Shoot You In The Back"). Les refrains continuent de claquer ("Fast And Loose") et le combo en profite même pour rendre hommage à ses groupies avec un "The Chase Is Better Than The Catch" plus mid-tempo et délivrant sa recette de la séduction selon Lemmy, avant de clôturer la course avec "The Hammer", dernière salve rapide et cinglante.
Après avoir abandonné toute forme de résistance et avant de presser à nouveau le bouton PLAY, nous prendrons le temps de reconnaître à "
Ace of Spades" le statut d'album culte, celui qu'on accorde à ces œuvres qui marquent l'histoire d'un courant musical et imposent l'identité d'un artiste. Il sera désormais impossible d'envisager le Hard-Rock sans la gouaille, la bouteille de Jack Daniel's, le paquet de clopes et les santiags blanches de Lemmy, et sans l'énergie punk, le son graisseux et la puissance d'interprétation de
Motörhead. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si "
Ace of Spades" atteindra la quatrième place des charts anglais !
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