Même si la tournée "
Bridges to Babylon" confirmait que les Stones restaient le plus grand groupe de Rock en activité, l’album traduisait cependant l’obsession de
Mick Jagger de rester collé à la mode du moment, et ainsi, le fossé se creusant entre le chanteur et
Keith Richards. En effet, si les 2 légendes étaient toujours capables de composer ensemble, la magie semblait avoir définitivement disparu et nombreux étaient ceux à penser qu’il n’y aurait plus jamais de suite discographique à l’histoire des Rolling Stones. Pourtant, en 2004, la dramatique nouvelle du cancer qui frappait
Charlie Watts eu pour effet de ressouder le duo, comme pour conjurer le sort. Le résultat ne se fit pas attendre longtemps : enfermés dans la propriété française de Mick, les 2 dieux vivants ont retrouvé la magie de leurs débuts et composé ce "
A Bigger Bang" que nous n’attendions plus, et annoncé comme un retour aux sources. Et comme la magie du Rock n’a pas de limite, l’imperturbable batteur s’est remis de sa difficile épreuve pour réintégrer les studios aux côtés de ses compères.
Et le fait est que le résultat est au-delà de toutes espérances tant, renforcé par la production du fidèle Don Was, ce nouvel opus nous replonge très loin dans le meilleur de la discographie des Stones. Fini le défilé des invités des précédents albums. Seuls les fidèles Chuck Leavell, Matt Clifford et Don Was se partagent des claviers bien plus discrets et laissant la place à des guitares reprenant la direction des opérations avec, bien évidemment
Keith Richards en maitre de cérémonie, mais également
Mick Jagger plus présent que jamais à cet instrument, alors que
Ron Wood n’apparait pas sur 6 titres, sans que son appartenance au groupe ne soit remise en cause pour autant. Le chanteur s’occupe même de la basse sur plusieurs titres aux dépens de Darryl Jones, renforçant l’image d’un resserrement des liens entre les 3 derniers membres originaux du groupe (Jagger, Richards et Watts) probable raison principale à l’énergie et à l’authenticité de cet album.
Car s’il n’est malgré tout pas exempt de quelques titres plus anodins ("She Saw Me Coming", "Dangerous Beauty"…), "
A Bigger Bang" nous balance quelques pépites telles que les Britanniques ne nous en avaient plus composé depuis un bail. Toujours basée sur l’alternance de morceaux dynamiques avec d’autres plus intimistes, la tracklist nous réserve des Rock directs et efficaces aux refrains accrocheurs ("Rough Justice", "Oh No, Not You Again"), des mid-tempi à écouter sur les highways ("Let Me Down Slow"), des rocks sexy aux riffs imparables ("It Won’t Take Long"), et les incontournables ballades. A ce rayons, nous noterons la délicate "
Streets of Love", l’enjôleuse et mélancolique "
Biggest Mistake", "This Place Is Empty" interprétée par Keith et gorgée de sincérité, et enfin la plus Soul "Laugh, I Nearly Died" toute en énergie maîtrisée.
Enfin, au rayon des originalités, le single "
Rain Fall Down" fait figure de rare survivant des derniers albums avec son excellent riff Funky, alors que dans le sens inverse, "Back Of My Hand" voit les 2 frères siamois nous balancer un délicieux Blues du Delta, épuré et gorgé de feeling, porté par l’harmonica de Mick, instrument qu’il dégaine également sur le sombre "Infamy", interprété par Keith au chant pour clôturer l’album de façon surprenante et envoûtante.
Et voilà comment les Stones viennent marquer leur territoire, celui de groupe légendaire, propriétaire du Mont Olympe du Rock, en acceptant leur âge sans en faire un drame, avec passion et sans s’endormir sur leurs lauriers, mais surtout, en n’essayant plus de ressembler à des groupes plus jeunes qui leurs doivent tout, renvoyant certains d’entre eux à leurs études en compagnie de critiques les ayant enterrés trop tôt. Difficile de savoir s’il y aura une suite discographique à "
A Bigger Bang", mais si tel n’est pas le cas, les Stones auraient soigné leur départ. Dans tous les cas, merci pour tout Messieurs !
Sacrée bonne surprise pour moi aussi que ce disque. J'avais carrément lâché l'affaire avec les Stones et puis là, yes! Dommage qu'il y ait autant de titres - c'est le vieux qui parle - car en conservant les 10 ou 11 meilleurs seulement, c'était top. Mick chante incroyablement bien. Y'a des gars comme ça sur lesquels l'âge n'a pas de prise apparemment.
Une très très bonne surprise que ce Bigger Bang. Les Stones sont revenus à une place qu'ils n'auraient jamais dû quitter. Et moi qui suis un pro Keith dans la fameuse guerre des clans intra-Stones, je dois avouer que Jagger fait un numéro fantastique sur cet album. Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est bon, on est bon!
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