Après une nouvelle séparation, Yes est de retour avec un nouveau guitariste, Trevor Rabin, et s’apprête à vivre un renouveau comme personne ne l’attendait. En effet, en 1983 l’album
90125 va faire un carton et même dépasser tout ce que le groupe a pu connaitre jusque là. Ce succès est grandement dû à un effort d’adaptation aux années 80 ainsi qu’à une judicieuse utilisation du clip video. En fait, parmi les nombreux nouveaux fans, peu peuvent vraiment citer un titre des années 70, et d’ailleurs pas mal de fans de la première heure sont quelque peu révulsés par cet ostensible virage pop. Alors
90125 n’est-il qu’un honteux album pop comme il y en a 1000 où marque-t-il un vrai retour au sommet?
Si les premières notes laissent clairement entrevoir les prétentions pop commerciales, il n’empêche qu’il est bien difficile de résister au charme et à l’efficacité d’un
Owner of a Lonely Heart. Devenu le tube incontournable du groupe, ce titre mêle une new-wave très
Simple Minds à un groove rock imparable qui en fait sans aucun doute le sommet de l’album. Néanmoins, si par la suite le groupe peine à atteindre l’efficacité de son hit, c’est avec une agréable surprise que l’on découvre un
Leave It dont les mélodies rappellent fortement
Depeche Mode, et où le refrain échoue de peu à être aussi prenant que celui de
Owner of a Lonely Heart, surtout que les assemblages de voix y sont très originaux. Ailleurs la dose pop est un peu plus forte et frise l’indigestion, si ça passe bien dans Our Song, grâce à un riff très thin lizzien (l’overdose de synthé n’est pas loin quand même), on ne peut pas en dire autant de It
Can Happen, où l’attrait de la cithare laisse vite place à un refrain assez banal et surtout trop rabâché. Quelques titres surprennent par la puissance de leurs riffs, frôlant le hard rock FM de l’époque, avec notamment le bien sympathique Hold on, le puissant
City of
Love, qui n’évitent quand même pas quelques surplus de synthé, ou encore Changes qui fait penser à
Scorpions, en plus synthétique. Le rock progressif refait surface dans la magnifique instrumentale Cinema, qui aurait mérité plus de temps, et Hearts, qui malgré un matériel on ne peut plus daté 83, renoue avec les refrains épiques et les choeurs de
Close To The Edge, un moment passéiste qui fait du bien aux oreilles.
Si l’impression générale est finalement plutôt positive, la durée de vie de l’album est en revanche assez limitée, la lassitude guette et pas mal de titres trop pop finissent par passer à la trappe, c’est le principal point faible de ce
90125. 10 ans auparavant jamais on n’aurait cru reprocher à un album de Yes d’être trop simple, trop direct, à croire que le groupe ne connait pas la demi-mesure (comme c’est dit dans
Leave It d’ailleurs, « I can feel no sense of measure »). Si on ajoute les quelques passages vraiment honteux (pas si nombreux heureusement), on obtient un album à l’image de son époque, bien sympathique et même rapidement séduisant, mais c’est avec hâte que l’on ferme la parenthèse et que l’on se replonge dans les albums plus vieux, qui malgré quelques lourdeurs demeurent bien au dessus.
Moi qui ait divorcé avec le prog il y a déjà quelques années, j'ai encore grand plaisir à réécouter cet album, alors que j'ai du mal maintenant à aller au bout de Close To The Edge.
Entre les deux, j'adore The Ladder qui concilie le côté accessible avec des structures plus alambiquées que sur 90125.
Sinon j'ai été voir Steve Howe avec Asia il y a qq mois, pffff c'est la maison de retraite. Bon en même temps c'est normal mais bêtement je m'attendais à mieux.
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