Qu'est ce que
1916 vous évoque comme date?
Verdun, la guerre de tranchée en Europe, les gazs de combat ne vous rappellent rien. "
Motörhead" n'a pas eu besoin d'un diplôme pour savoir ce que représente cette période, celle du point culminant en horreur et en destruction de la 1ère guerre mondiale. La guerre fascine ou terrifie selon que vous vous comportiez en homme civilisé ou bien comme un monstre affamé de chair humaine. Lemmy Kilmister a un peu des deux. Cependant il est le premier à dénoncer les folies que les hommes sont capables de commettre pour de la politique ou pour leur simple cupidité (les deux s'associent le plus souvent). Mais celui-ci n'est pas contre un ou deux massacres, musicalement parlant.
L'album "
1916" a, pour la petite histoire, été nominé aux Grammy Awards dans la compétition "meilleure performance Metal 1992, mais perdra face à un certain habitué des récompenses, "Metallica" et son black album.
"
Motörhead" y fait une entrée fracassante avec
The One to Sing the Blues". Ce titre est bombardé tour à tour par la batterie de Philthy et par le jeu assourdissant des guitares.
"
1916" Offre un concept à 4 avec Lemmy, Wizzö, Würzel et Philthy. Ce concept o pour incidence de produire un certain changement dans le son original de "
Motörhead". Il y a ici une nette domination des guitares. Les rares cas où cette domination est remise en cause, c'est uniquement par l'introduction du synthé, corps totalement étranger à l'idée que l'on se fait ordinairement de "
Motörhead".
Le son de la basse a pris incidemment beaucoup de recul. Elle est battue en brèche par les riffs offensifs et bien travaillés des guitares.
Celà n'empêche pas le groupe de produire des titres d'un niveau plus que respectables, comme le démontre "
No Voices in the Sky", titre très élancé avec un joli refrain, ou le hard ballade "
Love me Forever". Celà ne les empêche pas non plus de produire du brut et pur "
Motörhead", comme avec "Make my Day"et "Shut you Down".
Mais devant la possibilité de produire davantage un son mélodieux, "
Motörhead" en a profité pour enrichir sa musique par d'autres influences que le hard brutal et sauvage auquel il était habitué.
Ainsi la formation se teste sur des titres de hard boogie. C'est le cas avec "I'm so Bad (Baby I Don't Care)" et "Angel
City".
Ils expérimentent même le son ancestral du rock. "Going to Brazil" est un titre old rock n' roll. Ce style aujourd'hui dépassé prend ici une nouvelle jeunesse, au parfum de whisky, avec la voix très personnalisée de Lemmy.
Mais l'explosion des saveurs ne s'arrête pas là. L'auditeur est complètement décontenancé par "Nightmare/The Dreamtime". Le style y est plus révolutionnaire. Un Lemmy diabolique se fait aidé par une seconde voix, mais également par une ambiance terrifiante produite par les claviers. Il nous offre carrément à cet endroit de l'album un avant goût peu tentant de l'enfer. Les autres instruments sont beaucoup plus silencieux et se tiennent à l'écart de cet intimidant évènement. "Nightmare/The Dreamtime" semble être le contraire de "
1916", un titre aux claviers et aux violons. Lemmy y prend contre toute attente une voix cérémoniale, pleine d'un total respect et chargée d'une sincère émotion. Le ton est au recueillement. On trouve ici un Lemmy sentimental, touchant. Ce que l'on aurait jamais soupçonné de lui. Ce qui prouve que celui-ci est profondément humain.
Avant le bouleversant hommage de "
1916", "
Motörhead" a également tenu à rendre hommage à d'autres grands hommes dans une moindre mesure, au groupe mythique de punk rock américain avec le superbe et démolisseur "RAMONES".
Le fan habitué au "
Motörhead" pur et dur sera sans doute déconcerté par "
1916". Mais cet album, bien que touche à tout, est d'un niveau plutôt admirable. C'est un témoignage de l'expérience et du professionnalisme de Lemmy et de ses acolytes.
Une telle bravoure sur le champ de bataille leur aura bien valu de recevoir la Croix de Fer.
16/20
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