Mars Red Sky
Mars Red Sky à Angers. Autrement dit, rien de moins que MA claque of the year 2011, qui vient comme ça, innocemment, dans ma ville. Ça se passe au Chabada (autrement dit, la SMAC locale qui m’a surpris en proposant un groupe de stoner, pas franchement le genre de la maison malgré leurs influences nettement rock et l’histoire locale très marquée par ce registre), en première partie de Papier Tigre. D’aucun dirait : « KEU WAH ? », et je serais d’accord avec eux, parce que quand on connait le groupe, on ne comprend pas que les gens ne s’y attarde pas d’avantage. Première partie SEULEMENT ? Mais n’avez-vous point de goût ? Comment ? Vous n’avez effectivement pas de goût ? Ah, autant pour moi. Ben tant pis, moi, je serais devant en train de planer.Pardon ? Vous demandez quoi ? De… ? De L’objectivité ????
Non, mais là franchement, non. Objectivité pour Mars Red Sky ? Et pis quoi d’autre encore ?
Mars Red Sky, ça s’apprécie sans objectivité, sinon on risque de louper l’essentiel. Et pis si t’aimes pas, c’est que t’as rien compris, faut pas chercher plus loin.
Mais soyons sérieux (au moins un peu).
Malgré une rude journée je me retrouve avec ma pinte fébrilement tenue, impatient que je suis, devant les amplis du groupe. On débute en douceur, avec une petite intro tout en psychédélisme. Et PAF, ça enchaine par du lourd, « Curse », rien de moins, et c’est presque dommage parce que la batterie est trop forte et la guitare pas assez présente. Résultat des courses, on passe un peu à côté d’un de leur meilleur morceau.
Pas grave, puisqu’on a rapidement eu droit à « Strong Reflexion » : vol direct pour un ciel désertique, loin, très loin. Le tempo est plus lent que le morceau original, et autant sur une vidéo via le net ça m’avait inquiété, autant en direct c’est tout à fait pertinent, on prend le temps d’aller au bout du son, de profiter au maximum de la dissonance entre la sensation d’écrasement due à la distorsion super lourde et l’impression de planer, amenée par les effets du guitariste. Et pis ce solo, non franchement, je ne peux rien vous dire d’autre, c’est juste jouissif.
Le son s’est affiné peu à peu, à mesure que les lampes chauffaient, prenant de l’ampleur, s’installant dans tous les recoins de la pièce. La basse, bien ronde et bien épaisse, envoyait tranquillement, lourde et écrasante comme il faut. On a aussi retrouvé la voix si particulière de Julien Prat, haute perchée et invitant à la contemplation psychédélique. Les solos, tout en réverb’ et autres effets, ont largement contribués à ce sentiment cosmique, quasi mystique d’ailleurs parfois. Enfin, n’oublions pas la batterie et sa frappe vigoureuse, écrasante même, autant qu’hypnotique, adoucie par un jeu de cymbales tout en douceur (là encore, on retrouve la dichotomie entre la lourdeur et l’aérien).
Et puis en guise de bonus, on a eu le droit à deux nouveaux morceaux. Un premier dans la veine du groupe, entre gros son et mélodie psyché. Et puis surtout, un deuxième morceau puissamment stonerisant, avec un riff puisé à la source, c'est-à-dire en direct référence au Dragaunaut d’un certain Sleep. Autant dire que ça groovait et on se surprend à être en train de secouer la tête. On se surprend ? Non, en fait, on est venu pour ça. Un bel hommage et une compo très réussie.
Encore quelques morceaux et le groupe a finit par nous quitter, dans la plus grande tristesse pour ma part, et ce malgré un accueil mitigé au Chabada, m’a-t-il semblé, pas forcément habitué à un son aussi lourd et massif peut-être. Les morceaux furent aussi puissants que sur l’album, plus encore du fait de la puissance du son, ce fuzz si magnifique, et si magnifié, tout chaud et tout craquelant, tellurique au possible. Il n’a manqué que peu de chose pour être complètement happé et transporté, peut-être un peu plus de monde, peut-être aussi un ou deux éléments étaient mal calés (lorsque le bassiste a chanté, je crois que ça a été… disons, un peu faux). Qu’importe, le groupe a confirmé pour moi son originalité et sa puissance, qui n’a rien à envier aux influences divers qu’ils citent (du stoner doom au psychédélisme).
Le temps d’une pinte et les Papier Tigre se sont ramenés, et je dois dire que c’était plutôt plaisant pour l’amateur de The Foals que je suis (« Antidotes » et c’est tout) . Papier Tigre envoie, différemment car ce n’est pas du tout le même style, on verse plutôt dans le mathrock mélangé avec du punk et de la pop. Tout d’un coup ça riff avec de la disto à fond et paf, ça s’arrête net avec un son tout propre et des mélodies dans tous les sens. Les tempos m’ont aussi semblés très changeant, accompagnant l’aspect syncopé de la musique. Pourtant, au-delà de la complexité de l’affaire, difficile de résister à l’envie de faire mouvoir son corps un peu n’importe comment.
Une très bonne soirée, je rentre avec des oreilles enchantées, emplies de fuzzy fuzz comme je l’aime, en attendant la suite des Mars Red Sky. Si vous n’avez pas l’album, jetez vous dessus, c’est du tout bon (cf. chronique sur le site). Et le vinyle est d’excellente qualité, qui plus est.
You must be logged in to add a comment