Troisième et dernière étape de mon périple. On quitte avec quelques regrets la Capitale pour descendre un peu plus en direction des Pyrénées. Prochain arrêt : Montauban. La température y es bien plus clémente qu’à Paris et je me dis que je dois avoir l’air d’un idiot (ou d’un touriste) d’être autant vêtu. Mais qu’importe, aujourd’hui a lieu le concert qui me motive le plus, et je ne compte, cette fois, pas être en retard. Et après une longue marche pas folichonne jusqu’à mon hôtel puis un retour en centre-ville à l'heure prévue, il est temps de s’avancer en direction du Rio Grande, magnifique salle avec balcon et au bar grandement fourni. Terre d’accueil et pinte, la grande capacité de la pièce me permet de me mettre tranquillement dans les devants en attendant patiemment la première partie qui ne tardera pas à faire son entrée : Wax Me.
Wax Me
Bien propres, bien peignés, bien habillés, les quatre membres de ce groupe local distillent durant une bonne petite demi-heure un rock’n’roll un peu pop pas désagréable, mais qui aura mis du temps avant de commencer à bouger la salle. Manquant peut-être un peu de folie, le groove distiller par le groupe tarda à faire son effet, cela se traduisant surtout par des premières pistes assez figées avant d’enfin laisser libre cours à une folie bien plus intéressante mais qui, hélas, viendra surtout au moment de clore ce premier chapitre. Mais ce fut bien agréable, dans tous les cas.
Luke
Deuxième pinte, on se réinstalle, on patiente tranquillement. Quelques discussions ici ou là, une bonne poignée d’éclat de rire et déjà les lumières diminuent. Un discours à la voix grave résonne dans le noir. Une musique ambiante s’élève, des guitares … Thomas rentre en piste, la musique explose et « Warrior » lance les hostilités. Le public répond présents, poings en l’air, répond en chœur. « Qui vous êtes ? » « WARRIOR ! ». Je suis dans mon élément. Et la bière sature ma voix. Je suis bien.
Pas de répit, les guitares dansent et « Pornographie » déchaîne les foules, Thomas raconte ses textes et monopolise l’attention, c’est assez impressionnant à voir et très difficile de raconter cet espèce de magnétisme. Sans transition, la salle explose à nouveau. Ici, « C’est la Guerre » et le Rio compte bien l’illustrer avec talent. On saute, on crie, on frappe et il est temps de se poser cinq minutes. Difficile de parler de ballades concernant les titres de Luke, tout simplement pouvons-nous causer de titres plus calmes mettant les textes encore plus à l’honneur qu’ils ne le sont déjà autrement. Mais « Indignés » nous permet de reprendre notre souffle. La beauté des arpèges et des solos des guitares, des grondements de basse, de cette batterie vive. Thomas lance sa voix, toujours autant écorché et vivante. La salle se pose, observe, écoute, ressent.
La machine se relance avec un vieux classique, « Comme un Homme ». La salle chavire à nouveau et suit le rythme tel un métronome. « Contre l’amour trop lâche » répète un public complètement réveillé. La communion est totale, Thomas hurle sa joie et poursuit avec puissance sur « Tout Va Bien » dont le débit rapide donnerait presque l’envie de danser à ce rythme ! On reste concentré sur l’album « La Tête en Arrière » avec un autre de ses hits, à savoir « Hasta Siempre ». Et ça sera d’ailleurs les deux seuls albums présents lors de ce live. « La Tête en Arrière » et « Pornographie ». Surement les deux disques plus rock que les autres, et la puissance déployée pendant « Hasta Siempre » ne sera pas pour me contredire. « Hasta Siempre Camarade ! Ne m’oublie pas ». Nouveau petit intermède et « Rêver Tue » se lance. Piano, clavier et voix purement émotionnelle, encore une fois, le temps s’arrête et plus rien ne bouge…
Mais Thomas réclame du « Rock’n’roll » et le Rio va en avoir. On se déchaîne à nouveau, les riffs sont lourd, la batterie claque et le public le répète en chœur : « Donne moi du Rock’n’roll ! J’veux qu’ça cogne ». Bordel que c’est bon. Les bières gigotent dans ma tête et je me laisse aller à bouger dans tous les sens. Nul besoin de repos cette fois et la « Soledad » débute sans transition. Souvenir de mes premières années à écouter du rock français, la nostalgie se combine au présent et la sensation est intense… Ce qui se poursuit encore avec « J’Veux Être un Héros ». Groove sensationnel, public réactif à la seconde près, ce soir nous sommes tous des Héros et le Rio n’en a pas fini de trembler. « On fait une balle ou en veut encore ? ». La pause n’est pas pour tout de suite et se lance avec ardeur sur une piste ... qui défonce sec, mais dont le nom ne me vient pas ! EN épongeant les sites de Set-List, je trouve un titre inconnu et irretrouvable du nom de « Nous, des Millions » alors …
Joie intense qui se poursuit quand ce qu’il reste un de mes titres cultes démarre, à savoir quand le doux et mélodique « Le Reste du Monde », se lance. D’une intensité rare, tout le public bouge d’un seul Homme, captivé par cette ambiance à la fois chaleureuse et mélancolique. « Oublie le reste du monde, car le monde t’oublie déjà » chante en douceur le public… « Des Marchandises », le groove y est mais le rythme est un peu plus posé, ce qui n’est pas pour nous déplaire, le temps de continuer à reprendre notre souffle avant LE titre. La lumière forme trois couleurs sur le mur du fond. Du bleu, du blanc, du rouge. Et « Quelque Part en France » démarre. Titre emblématique de « Pornographie », la foule lève le poing contre le Front National et chante en chœur l’un des plus magnifiques refrains qu’il ait existé dans le rock français… Putain, on en a mal au cœur, nous aussi. Thomas en arrive à crier sa colère et son dégoût et nous sommes là pour faire perdurer le message. « Quelque part en France, ça pue la flamme, ça sent l’essence ». Et quoi de mieux pour terminer ce moment magnifique avec ce qui reste l’un des titres les plus classiques du groupe ? Une courte introduction au piano et « La Sentinelle » se lance. Le public jette ses dernières forces dans la mêlée, le rythme lui-même du titre est grandement accéléré, sans pour autant dénaturer cet hymne. Un remerciement et le groupe quitte la scène…
Mais pas très longtemps. Du moins, Thomas remonte seul, armé de sa guitare, remerciant chaleureusement le public avant d’entamer en solo « Solitaires ». La guitare est extrêmement secondaire dans ce moment-là. Toute la salle est suspendue à la voix écorchée et touchante du chanteur. Le temps semble s’arrêter… Puis le groupe revient entièrement et entame avec force l’indémodable « Petite France ». La salle chavire à nouveau, une odeur de transpiration et de bière qui fait foutrement du bien alors même que l’on s’oublie entièrement jusqu’à la conclusion de ce live magistral avec la très rallongé pour l’occasion « Discothèque ». Une boule à facettes fait même son apparition. Jusqu’à la dernière seconde, nous ferons trembler le Rio Grande jusqu’à l’implosion. « Le jour est mort et vous avec ! ».
Que dire ? Si la vodka n’a pas coulé dans le Red Bull ce soir, une telle passion fait furieusement du bien. Luke, c’est une monstrueuse claque prise en pleine gueule, du rock engagé comme on en fait à présent que trop rarement en France. Le moment passé fut excellent et c’est avec grand regret que j’ai repris le lendemain tôt le train pour rentrer à Cannes … L’euphorie perdurera encore !
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