L'Olympia est une salle merveilleuse. Mais quand en plus on est invité à voir un monstre sacré comme Mister Eric Burdon, c'est carrément le pied géant.
Ok. Eric Burdon,.pour les moins de 20 ans, ça ne va pas forcément causer dans le poste. D'ailleurs, y'a qu'à regarder la foule qui se presse boulevard des Capucines, c'est pas vraiment la tranche d'âge de Justin Bieber. Beaucoup de cheveux gris, enfin, quand il y a encore des cheveux ! Du cuir vieilli, tanné, usé. Mais tous sont frétillants comme des ados allant à un de leurs premiers rencarts ! Dans le public, juste derrière moi, Monsieur Philippe Manoeuvre et ses fameuses lunettes noires sont prêts à en découdre.
Eric Burdon & The Animals. Rien que de voir ça écrit avec les fameuses lettres rouges illuminant le boulevard : Ca en jette. La salle est pleine -sold out depuis un bail- et c'est tant mieux.
Quand les Animals déboulent dans le milieu des sixties, avec la reprise d'un vieux standard traditionnel "The House of the Rising Sun" : c'est le carton. On fera plus qu'entendre parler d'eux, ce qui est déjà un exploit dans cette partie du monde en proie à la Beatlemania intense, où les Fab Four placent 8 hits dans les 10 premières places des charts ! Fallait vraiment être doué pour se faire entendre à l'époque, et ils étaient relativement peu nombreux à y arriver. Ah si ! Y avait les Stones. Bonjour le niveau de la concurrence !
Bref, c'est donc une légende qui arrive sur scène, 72 ans aux cerises, et bien entourée. La légende, pas les cerises ! J'explique :
A gauche de la scène, un hammond, au fond une basse -5 cordes SVP, deux batteries -une traditionnelle et un ensemble de percus- et à droite, un autre clavier, la fille du groupe, qui se laissera aller jusqu'à un solo de flute traversière (!) Carrément ! Au milieu, deux guitares, qui se partagent la rythmique et les solis. Au centre, Eric Burdon au chant, of course. Ca fait du monde, et c'est super en place. A la limite, c'est presque trop "propre" ! Sans aller jusqu'à regretter des pains, un poil de folie aurait été sympa mais ... La section rythmique -guitare 1 / Basse / Batterie 1 et le Hammond étaient probablement de la même cuvée que le chanteur. Alors, déjà, en soi : merci les gars d'envoyer comme ça. Si c'est pour vieillir comme ça, p..... ! Je signe tout de suite !
Comme Mister Eric sort un nouvel album ['Til Your River Runs Dry / ABKCO Records], on a droit à un set équilibré entre les morceaux de cet opus qui tient vraiment bien la route et les mythiques reprises des hits comme "Don't Let Me Be Misunderstood", "The House of the Rising Sun", et quelques reprises de morceaux gigantesques de Ray Charles comme "I Believe" ou encore "Boom Boom" de Hooker en rappel. Bref. Que du lourd quoi.
La puissance de la voix de Mister Eric, qui a fait sa renommée n'est peut-être plus aussi percutante, mais elle est largement compensée par la précision, le Groove et le Feeling du Bonhomme. Papy fait plus que de la résistance ! Il envoie du bois !
Le public ne s'y est pas trompé, puisqu'il finira debout et le Maître s'en ira sur cette magnifique Standing Ovation. Après 2 rappels quand même. Encore une belle soirée ici. Et vu la banane qui était figée sur tous les visages -Manoeuvre inclus- je ne suis pas loin de penser qu'on a eu le privilège d'assister à un petit moment de grâce comme seul le Rock'n'Roll matiné de Blues, de Soul, voire de Gospel sait en procurer ...
Un pied géant vous dis-je.
A-t-il joué "When I was young" ?
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