Charlie Winston
Le talentueux Charlie Winston et son groupe étaient à la Cité de Carcassonne jeudi 5 août dernier, dans le cadre du Festival du même nom, échelonné du 19 juin au 15 août.
Concert prévu pour 21h30, sans première partie, dans l’amphithéâtre de la Cité, places assises imposées; la quasi totalité du public arrive vers 21h00, le temps d’attente devient un peu long, notamment dans le froid ambiant qui commence à s’installer – merci la tramontane ! – mais la musique de fond n’est autre qu’un des meilleurs albums des Red Hot, Blood Sugar Sex Magik qui nous aide à passer le temps. Sur scène, un impressionnant set de lumières prévu pour les divers spectacles audois ; instrumentation plutôt sommaire : une guitare acoustique, une électrique, une basse, une batterie, une percu, et une étrange boite cubique en bois lustré qui retient l’attention… Coca, eau ?! Les bénévoles sont mobilisés pour offrir aux spectateurs de quoi se sustenter. Mais pas de trace de quelconque substance alcoolisée…Différemment d’autres manifestations, on ne peut pas dire que ce festival pousse à la consommation !
Ca y est, les lumières s’éteignent, trois musiciens apparaissent sur scène, le batteur à la chevelure longue bouclée, le bassiste, chevelure frisée également, mais plus coupe afro, chemise et pantalon assortis à son instrument et enfin un homme coiffé d’un chapeau, tout comme le maître de cérémonies, entamant une danse endiablée. Mais où est Charlie ? Il faut suivre les éclairages : le voici dans la foule, tout en haut de l’amphithéâtre, muni d’un mégaphone. Dommage, on ne l’entend pas, mais tout le monde le suit scrupuleusement du regard jusqu’à son arrivée sur scène. Notre ami au chapeau, Ben Edwards de son petit nom, n’est pas seulement danseur, mais c’est aussi l’homme à l’harmonica. Un effet a dû être placé sur son micro car le son qui en sort diffère de celui d’un simple instrument. Bref. Ils entament tous un titre qui réveille le public de sa fraiche torpeur, puis Charlie laisse son micro pour le piano et rapidement le murmure « Mmmmmmh » débutant « In your hands » se fait entendre, et là, tout le public se lève, danse, se trémousse, chante. S’en suivent des titres entraînants, tels « I’m a man », reprise de Spencer Davis Group, commencée en beatbox, « Tongue tied » ou encore « Kick the bucket » ; d’autres mélancoliques, tels « My name » ou un magnifique et prenant « Boxes » auquel nous avons eu droit sur lumière tamisée. On a également droit à des morceaux commençant lentement, tel « Lonely alchemist » sur une intro des « Feuilles Mortes » qui monte en intensité lorsque Charlie n’hésite pas à faire vibrer les touches de son piano, et que le bassiste, Daniel Marsala, prend alors sa guitare électrique. D’ailleurs à ce propos, une chose qu’il ne faut pas omettre de remarquer, c’est que cette bande de joyeux lurons sont tous polyvalents. En effet, Charlie lui-même chante, bien-sûr – et plutôt très juste d’ailleurs - joue de la guitare acoustique et du piano, ces deux instruments de prédilection. Mais ces musiciens, eux aussi, touchent un peu à tout. Ben a troqué son instrument pour une flûte sur « My life as a duck », sans parler de son intervention avec la boite magique. Medi, le batteur n’a pas quitté ses fesses de son tabouret, mais était muni d’un micro et a chanté à plusieurs reprises. Quant à Daniel, mis à part son maniement de deux instruments à cordes pincées, il a prêté main forte à Charlie pour le chant de « I love your smile ». Enfin, c’est l’heure de découvrir le fonctionnement de cette fameuse boite. Les lumières s’éteignent, seul un spot éclaire l’instrument cubique. Ben, muni de petites baguettes, tapote sur les touches, comme sur un xylophone. C’est l’intro de « Generation lost ». Medi le rejoint sur des rythmes de roulements.
Charlie n’hésite pas à faite intervenir le public pour chantonner des passages de ses titres ; le public lui-même parfois n’attend même pas qu’on le lui propose. Juste avant « Kick the bucket », monsieur le dandy nous fait faire des vocalises, y ajoutant parfois une touche d’humour, histoire de se mettre le public un peu plus dans la poche qu’il ne l’est déjà ! Idem pour « Like a hobo » : quelques exercices vocaux plus tard, Charlie monte dans l’amphithéâtre et se balade, se laissant toucher ou prendre en photo par quiconque le frôle, agrippe six personnes, de sexe féminin - il faut bien le préciser - et remonte avec elles sur scène. Il va sans dire qu’enchantées d’avoir été choisies, elles se tortillent et frétillent comme de joyeux poissons. Lorsqu’elles quittent la scène, se succèderont pas moins de trois rappels. Notamment, ils reviendront pour refaire un « In your hands » effréné suivi d’un bœuf avec échanges d’instruments, puis, un titre de son premier album, Make Way, « Yes » en acoustique. Et c’est au son d’un dernier titre en acoustique que le groupe quitte la scène, définitivement cette fois-ci, pour le plus grand regret d’un public enthousiasmé par son interprétation ce soir-là. Seul petit bémol, un instrument de plus, particulièrement un cuivre, aurait été le bienvenu dans cette scène jazz-rock.
ROCKINGIRL
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