Vivier musical depuis déjà une vingtaine d’années, Toulouse continue à pondre de nouveaux projets, fruit de l’imagination et des envies des musiciens faisant constamment évoluer cette scène. J’ai parlé la semaine passée du deuxième album de Rufus Bellefleur, curiosité Hip-Hop/Country/Rock. Aujourd’hui, mettons en lumière Bérangère Sentex, choriste/cheerleader de ce groupe d’allumé, qui nous livre le premier EP de son projet personnel, FaneL.
Projet exotique, folkflore japonais, instruments traditionnels (Sruti Box et Milltone Drum au premier plan), piano et voix délicate, basse et percu/beat rythmeront cette première offrande de la jeune femme. «
The Mirror » et son image de poupée Russe asiatique, pour un peu moins de vingt-cinq minutes de tranquillité. Autour de la chanteuse, des visages connus de la scène Toulousaine : Nina Goern (qui connaît un impressionnant succès depuis quelques mois avec Cats On Trees), Léa Costantino (l’explosive batteuse du groupe de Hardcore Dwail) et Baptise Bouchard.
Un petit éclat de soleil pour « Your Phone, Your Best Friend », Bérangère dévoile un grin de voix très agréable avec quelques petites touches d’accent français pour pinailler un peu. L’instrumentation est dosée à la perfection, rien ne dépassant, les incursions de sonorités asiatiques s’intégrant plutôt adroitement avec le piano. Pour rester dans l’allégresse, « The Monkey Song » se dévoilera par une basse joueuse et un rythme entraînant et joyeux (même dans sa conclusion proche d’un
Massive Attack), dévoilant des notes de piano pas si différentes de Cats On Trees, tournant facilement de boucle rapide en des moments plus émouvants. Bérangère mènera le tout d’une voix douce, tournant dans des passages faisant vraiment penser à ses chanteuses asiatiques… Le groove captivant de « How to Raise a Dragon » et ses boucles de piano nous donnerons parfois l’air d’entendre une voix masculine pour habiller la mélodie subtile de Béra.
Le titre phrase du même nom de cet EP, «
The Mirror », dévoile une musicalité épurée, apposant les émotions les plus justes. La voix de Béra, pure et sincère, montera dans des chœurs très proches de ce qu’elle fait avec Rufus Bellefleur. Les percussions variées, parfois discrète et souvent ressortant à des moments opportuns, une basse par intermittence jouant de sa rondeur quand il faut, on n’en demande au fond pas énormément pour être transporté. Transporter au sens propre du terme, quand Béra dévoile de très belles lignes vocales en Japonais sur « Inori ». Toujours plus mélancolique et dépouillé, le rythme se veut lent et reposant, ne trahissant ce calme que pour quelques notes de piano plus graves sur une voix montant très doucement en puissance. Portant magnifiquement son nom, « Slowly » clôture ce disque de nappes ambiantes, de piano mélancolique et de voix fantomatiques et aériennes, le tout bercée par une mécanique d’horloge et un chant toujours plus émotionnel et juste.
«
The Mirror » dévoile une artiste toute en émotion et en sensibilité, brut de sincérité. Il en faudra encore plus, davantage après cette sublime mise en bouche, mais il convient de savourer avec délectation ce savoureux nectar de délicatesse et de poésie, avant de penser à l’avenir de FaneL, que l’on espère plus que tout radieux. Le départ est réussi, ne reste plus qu’à l’envol à être majestueux.
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