On peut dire que nos frenchies de Jenny In Cage ont mis la dose avec les 15 titres de ce
Solid Liquid Ether, une volonté certainement de dévoiler la diversité des facettes de leur musique sur ce premier album, pour convaincre de leur singularité sur une scène rock où les acteurs ne se comptent plus. Ont-ils su sortir – si ce n’est de leur cage – des sentiers battus ?
Tout d’abord, il est bon de préciser qu’à l’écoute de cet album, le fait que nos hommes soient Français est loin de sauter aux yeux, tant leur musique s’inspire du rock britannique, voire d’influences outre-Atlantique. Un indice, néanmoins, qui réside dans le fait que les paroles semblent parfois peu inspirées ou bien répétitives, mais ceci reste un détail.
Ce qui frappe avant tout, c’est la maturité d’un si jeune groupe, capable de composer dans un registre sombre, voire dépressif, tout en conservant une certaine fraîcheur qui allège l’ensemble. Tous les morceaux possèdent cette ambiance planante et aérienne, particulièrement les ballades comme « Memorabilia », dont la mélodie et la voix déchirante de Frank ont le pouvoir de faire monter les larmes aux yeux. Les Jenny in Cage prouvent avec ce titre leur capacité à jouer avec les sentiments de l’auditeur et leur travail sur l’émotion, chose que semblent avoir mis de côté un certain nombre de groupes contemporains. Malgré tout, on peut déplorer que ces moments d’exception côtoient quelques refrains somme toute banals, voire lassants, à l’image de « Tonight (We Fly) ». De même, la voix planante pourrait nous porter très loin, mais le décalage – volontaire ? – avec la guitare rompt le charme, ou crée un effet brouillon sur « Acid Money Love Guru », sans compter que certains passages manquent de profondeur.
Il faut bien reconnaître la difficulté de composer 15 titres excellents, et surtout des pistes qui se suivent mais ne se ressemblent pas. Or si le groupe a fait un réel effort pour varier le style et le rythme des morceaux de
Solid Liquid Ether, une certaine redondance finit néanmoins par se faire sentir lors de l’écoute complète de l’album. Les Jenny in Cage ont pourtant su tirer le meilleur de leurs influences, entre « Immediate Sugar
Rush » et « A Million Days » qui ne peuvent qu’évoquer
Muse et les envolées lyriques à la Matthew Bellamy, « Rockumentary » et son côté incontrôlé type System of a Down, en passant bien sur par Deftones sur l’aérien « Underwater ».
Le combo a ainsi concocté un album rock à la sauce metal, saupoudré d’un peu de trip-hop pour le côté planant et électro, notable sur « Weight of Dreams ». Ainsi, ce premier album devrait propulser les Jenny in Cage parmi les révélations de la scène rock française, et pourquoi pas leur offrir la possibilité de s’affirmer comme une valeur montante au-delà de l’Hexagone. Avec une telle dose de singularité et de talent pour un si jeune groupe, la persévérance et le travail devraient porter leurs fruits et les détacher de ces influences qui semblent les mettre en cage. A quand la libération ?
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire