Simple Plan est le genre de groupe qui a eu de la chance. Vous savez pourquoi ? Parce que ces mecs sont toujours "bien" tombés. Le monde entier les a connu sur les airs de Welcome To My Life en 2004, hymne pop-punk à l'adolescent mal dans sa peau, alors que la Génération Y des années 90 entrait tout juste en phase pré-pubère et ne demandait que ce genre de chanson pour affirmer son identité. Résultat ? Une popularité qui est montée en flèche pour le quintet québecois, devenant ainsi un des rares groupes francophones (mais officiant en anglais) à s'exporter et en plus, à devenir "mainstream".
Et puis, soyons sincères, on a tous été contents quand, en pleine fin d'adolescence, on a retrouvé le groupe de notre enfance avec "When I'm Gone", en 2008, aux sonorités déjà beaucoup plus pop, mais toujours empreint de l'esprit adolescent rebelle qui fait les beaux jours de tous les groupes de pop-punk en vogue. Et pan, encore un succès...ah ces canadiens, ils sont forts.
L'album éponyme de
Simple Plan, troisième opus de la formation de Montréal, serait donc la pièce maitresse de la vague de succès qui a eu lieu en cette année 2008 pour nos cinq canadiens. Et c'est donc logiquement que, pour comprendre ce succès, je me suis penché sur ce disque. Parce que oui, un CD emmené par un titre comme "When I'm Gone", ça ne pouvait être qu'on bon disque (c'est du moins ce que je pensais).
Je me procure donc le précieux album, impatient d'y plonger un tympan, voire deux. La pochette, première chose que nous sommes censés voir (en théorie), est relativement simple. Nos cinq gars sont là, sans expression particulière, sur fond sombre, sous un grand logo "
Simple Plan" ; le tout arrangé dans un noir et blanc à la Instagram. Un petit côté sombre et sérieux chez eux s'y cacherait ? J'ai peur que cela soit le cas au vu de l'artwork.
Je lance la musique et là, oh surprise !
Simple Plan n'a pas perdu le ton punk-gentillet de ses débuts (ouf !), et continue d'officier dans la mélodie simple, accrocheuse et éternellement recyclable ("When I'm Gone", "Your
Love Is a Lie", "Save You", "Time to Say Goodbye"). Évidemment, on n'oublie pas qu'on est des AD05 TR0W D4RK, donc on a le droit au petit morceau précipité et énergique (Take My Hand), bien que le genre dans lequel officie le groupe est, par définition, énergique.
Très vite, on devra aussi retrouver les différentes marques de fabrique qui constituent un album typique de
Simple Plan : le morceau un peu mélancolique, avec un refrain qui contorsionne un peu vers les aigus en donnant des frissons et un pont fait en une note à la guitare solo (No
Love) ; le morceau qui peut se résumer en deux cris (les "
Hey Hey" de Take My Hand suivi d'une évolution à la guitare digne d'un 36 tonnes sur l'autoroute) ; la chanson un peu arrogante dans l'imagerie qu'elle reflète (Generation) ; la chanson un peu sérieuse (Save You, qui fait écho au Untitled de
Still Not Getting Any... ) et enfin, le gros machin de fin d'album, le FAMEUX titre qui occupe à lui tout seul un quart de la durée de l'album (j'exagère, bien entendu), cette piste finale qui se doit d'être un minimum épique : "What If", ouverte au violon, dont les airs, ou au moins la structure du refrain, peuvent faire penser à "Welcome to My Life" (oui oui, superposez les deux mélodies, vous sentirez un léger simili ).
Bref, il y en a pour tous les goûts, si on part du principe que vous aimez le rock trempé dans la pop, mais empreint de punk. L'avantage, c'est qu'on n'est pas linéaire, une chanson n’amène pas forcément l'autre, du coup, on a toujours un malin plaisir à réécouter CETTE chanson, et pas une autre, à un moment précis. S'aligner tout l'album, c'est passer par toutes les émotions possibles. Un internaute sur Youtube disait de
Simple Plan qu'ils "avaient une chanson pour chaque situation de la vie". On en n'est pas loin, en effet.
Oui mais, qu'est-ce qui change du
Simple Plan qu'on connait ? Parce que c'est bien beau de nous les présenter comme ça, mais là, à 2-3 mots près, on peut claquer ça sur
Still Not Getting Any... et No Pads, No Helmet... Just Balls !
Ce qui change par rapport au
Simple Plan des débuts, c'est cette tendance à aller de plus en plus vers la pop. Et à vouloir faire du pop-rock, on finit par avoir des morceaux très travaillés en post-production, là où la pédale d'effets ne suffit plus à faire un bon riff. La guitare et la batterie ne sont plus seules, elles sont lancées par quelques secondes d'effets à la FL Studio au début de "When I'm Gone" ; couvertes par un filtre sonore digne d'Audacity sur The End, là où la voix subit, elle, un passage à Auto-Tune ; présentées par un synthétiseur aux notes aléatoirement choisies en ouverture de Generation. Eh oui, il est fini le temps de "I'm Just a Kid" et "Addicted" qu'on pouvait entièrement faire sur une vieille Framus. Désormais, vous devrez vous procurer un violon pour jouer "What If", une trompette un peu difforme pour "Generation" et un piano pour jouer la mélodie de fond de "Save You".
Voilà, ça, c'est mon ressenti, que je détaille de manière plutôt neutre pour plusieurs raisons, la première étant que cet album ne casse pas de briques, et donc, il ne plaira pas à ceux qui, il fut un temps, considéraient encore The
Misfits comme trop populaires. La seconde raison, qui justifie presque la première, c'est que je ne peux pas m'emporter dans mes propos en parlant de
Simple Plan, car, comme beaucoup de jeunes ayant découvert la pop-punk en 2000-2005, mon avis sera toujours "trompé" par le fait que c'est l'un des premiers "rock" que j'ai appris à aimer. Il sera difficile pour moi de retourner ma veste en crachant sur un groupe qui, par le passé, m'a appris plusieurs bonnes choses de la musique. Donc, si je mets 18, c'est pour la simple et unique raison que tout ce que j'ai dit ci-dessus correspond aux codes de mon "éducation musicale", et c'est le genre de truc qui me plait. Pour exactement les mêmes raisons, vous pouvez coller un 5 ou un 0 à cet album.
Plutôt que de faire une longue conclusion sur l'avenir du groupe, que, de plus, on connait (un rock qui coule de plus en plus dans la pop sur
Get Your Heart on, mais qui fera toujours mouche chez le disquaire), je vais résumer en une phrase l'aspect qui ressort de cet album dès la première écoute : "
Simple Plan a une chanson pour chaque situation de la journée". Il est vrai que l'album est un patchwork d'émotions, de ressentis, de situations et même de pensées que peuvent avoir le public ciblé, à savoir, les pré ados qui découvrent le rock. Tout ça est proprement classé sous une pop-rock arrangée punk plutôt bien travaillée en studio, qui donne au final cet opus, à mon goût, assez réussi, qu'est
Simple Plan, l'album éponyme.
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