Si l'histoire de l'Aor/Hard FM britannique regorge de groupes de qualité (FM, Shy…), elle est aussi le théâtre de nombreuses injustices envers des formations qui ne reçurent pas la reconnaissance que leur talent aurait aisément mérité. Le destin d'Airrace peut ainsi prendre place aux côtés de ceux de combos tels que Tobruk ou Strangeways, dont il aura fallu attendre quelques rééditions pour qu'arrive un hommage malheureusement trop tardif. Avant de nous pencher sur le contenu de ce "
Shaft of Light", son unique témoignage enregistré, il est intéressant de rappeler quelques points de l'histoire de ce quintet.
Formé à l'origine par le guitariste Laurie Mansworth, également compositeur de la quasi-totalité des titres, il voit 2 membres attirer plus particulièrement l'attention. Le premier est le chanteur Keith Murrell que nous retrouverons plus tard avec des artistes aussi variés que
Cliff Richard,
Mike Oldfield,
Joe Cocker ou Mama's Boys. Le second n'est ni plus ni moins que Jason Bonham, fils de qui vous savez. Ce dernier n'était pas le batteur d'origine du groupe mais fût plus ou moins imposé par Atlantic après que le label ait pris le groupe sous son aile. Le combo est ensuite confié aux bons soins de Beau Hill, producteur que l'on ne présente plus (Ratt, Warrant, Winger, Kix, Europe, etc…), avec qui il enregistre son album à New-York, puis est envoyé sur les routes en compagnie de pointures tels que
Queen,
Meat Loaf,
Def Leppard ou AC/DC. Malheureusement, les choses ne se passent pas comme prévues et Airrace vit même un cauchemar en compagnie du groupe des frères Young. En effet, il apparaît sur scène en lieu et place de Mötley Crüe annoncé à l'origine et subit les foudres du public manifestant sa colère par de nombreux crachats.
Mais revenons-en à "Shift Of Light" que Rock Candy nous fait le plaisir de rééditer. Témoignage de l'Aor / Hard FM des années 80, le son de cet album est resté très ancré dans cette époque, ce qui donne un côté un peu 'ship' à sa production, en particulier au niveau du son des claviers ("Brief Encounter") et de la batterie triggée. Une fois nos oreilles adaptées à ce retour dans le passé et ainsi remises dans le contexte, nous pouvons alors apprécier cet opus à sa juste valeur. Airrace œuvre dans un Aor très typé
Foreigner, la voix de Murrell n'étant pas sans rappeler celle de Lou Gramm dans certaines tonalités. Certains titres n'auraient d'ailleurs pas dépareillé sur "Agent Provocateur" ("Brief Encounter" ou "Didn't Wanna Lose You"). Mais Airrace ne doit cependant pas être considéré comme un clone du gang de Mick Jones. En effet, il navigue dans des eaux empruntées à l'époque par des groupes tels que FM ("I Don't Care"), Tobruk ("All I'm Asking"), Survivor ("Caught In The Game") ou
Journey ("First One Over The Line"), sans jamais que ces références ne dépassent le stade de l'inspiration. Et si nous avons insisté sur la présence d'un Keith Murrell étincelant, et d'un Jason Bonham irréprochable, il serait injuste de ne pas honorer la performance de Laurie Mansworth, auteur de quelques soli de toute beauté ("Caught In The Game", "Didn't Wanna Lose Ya").
"
Shaft of Light" est donc un album incontournable pour tous les amateurs d'Aor/ Hard FM des années 80. Et s'il souffre un peu de la comparaison avec des productions plus récentes, en particulier au niveau du son un peu trop aseptisé et ayant mal vieilli, il est également gorgé des qualités de cette époque bénie pour le genre, à savoir une fraîcheur et une spontanéité communicatives. Maintenant qu'une réédition lui rend hommage, vous ne pourrez pas dire que vous ne connaissiez pas cet album !
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