The Poison Arrows est un groupe originaire de Chicagos, composé du chanteur/claviériste Justin Sinkovich (ex-Atombombpocketknife), du bassiste Patrick Morris (ex-
Don Caballero) et du batteur Adam Reach. Sur scène, le trio chicagoan s’est déjà mesuré à des pointures telles que Retribution Gospel Choir, Boris, All the Saints,
Battles… mais demeure pourtant méconnu sous nos latitudes. Il est donc temps de corriger cette injustice.
Après un First Class and Forever paru en 2009 et bien accueilli par la presse outre-Atlantique, le deuxième album de The Poison Arrows, intitulé
Newfound Resolutions (sortit en septembre 2010), nous propose une musique à l’architecture Post Rock, mais trouve un malin plaisir à en dynamiter les barrières avec talent et désinvolture.
Derrière un artwork discret se cache une pépite de 14 moceaux pour 70 minutes de musique. Une véritable odyssée qui emporte l’auditeur vers les contrées du Rock Psyché, du Noise, du Math Rock, de la Pop synthétique… Ok, tout ça peut sembler un peu indigeste, il est donc temps d’embarquer…
"Flawed Acumen" ouvre la marche : sans avertissement, un duo basse-batterie nous décoche une droite bien sentie. Sonné, on cherche un point d’appui. Peine perdue car une nappe de synthé nous soulève de terre et la voix de Justin Sinkovich, qui donne l’impression d’avoir traversé l’espace pendant des milliers d’années lumière, finit de nous propulser sur orbite. Le ton est donné, The Poison Arrows nous tient à sa merci. On se dit que si tout le reste de l’album est du même acabit, le voyage sera inoubliable.
Malheureusement, le morceau suivant "Unveiled In Sequence" ne confirme pas le sentiment de lévitation de "Flawed Acumen". La faute à Pall Jenkins (
Three Mile Pilot, Black Heart Procession), un des nombreux guest sur ce disque. Non pas que le morceau soit mauvais ou que Jenkins se plante, mais le chant de Pall Jenkins, plus direct, se marie moins bien avec la musique proposée ici comparativement au timbre chaud et susurré du sieur Sinkovich. D’ailleurs, la présence des vocalistes invités sur
Newfound Resolutions se justifie assez mal, car leurs prestations n’apportent rien de marquant à l’album (aaaah, marketing et ton monde impitoyable !). Sauf peut-être sur le titre "Steely Justice", morceau plus rentre-dedans qui gagne en profondeur grâce à l’intervention de Brian Case (Ponys,
90 Day Men).
Il faudra donc attendre la quatrième piste pour repartir dans l’espace avec "For Lack of An Ak". Instrumentale Noise Rock combinée à un groove pachydermique — mené par le duo basse-batterie, fil rouge du disque — et éclaircit par des claviers de B.O. de SF délirante. Totalement jouissif ! A partir de là, on ne touchera plus que rarement terre. Et même si la démarche de The Poison Arrows rappelle de nombreuses fois
Girls Against Boys : le chant de Justin Sinkovich est très proche de celui de Scott McLouds, l’utilisation des keyboards dans certains passages est une réminiscence du combo de Washington ; tout comme il est difficile de ne pas songer à un titre tel que "TheKindaMzkYouLike" de
Girls Against Boys à certains moments, ces messieurs de The Poison Arrows font preuve d’assez d’inspiration pour ne pas tomber dans la simple redite. Chaque piste a ses propres particularités. D’un "Tranquil Eyes" évoluant non loin des rivages de Zak Riles au mouvant et hypnothique "Parting Gifts" ; du sensuel et électronique "Popular Look" aux élans Math Rock et oppressants de "Interpretive Hunter" les chicagoans ne nous laissent pas une seule seconde de répis.
Amateurs de Rock lourd, de psychédélisme à la 5ive ou à la Black Angels, fans de Tortoise et de Aucan, simples curieux à la recherche de groupes atypiques, cessez de vous faire du mal en vous privant de cette galette ! Parce que, sans être exempt de tout défaut, ce disque est un bien beau trip dont ne décroche qu’avec peine.
Bl.
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