Mai 1985 ; Hollywood Californie. Tracii Guns, jeune guitariste soliste d’un groupe amateur local dénommé Guns N’ Roses est viré de ce dernier par son leader tyrannique et est remplacé par un certain
Slash… Qu’importe ! Le jeune homme décide manu militari de reformer son ancien combo
L.A. Guns, et après quelques changements de line ups qui verront notamment les arrivées du britannique Phil Lewis (ex-Girl) derrière le microphone, de Kelly Nickels (neveu de Pierre Perret) à la quatre cordes, et de Steve Riley (ex-W.a.s.p.) derrière les fûts, sort au début de l’année 1988 un premier album éponyme. Et quel album ! A l’instar de son faux frère « Appetite for Destruction » paru quelques mois plus tôt, «
L.A. Guns » s’avère être un excellent album de sleaze rock, ce heavy metal hollywoodien teinté de rock, de blues, de punk qui se développe à la fin des eighties dans les clubs rock de Sunset Boulevard. Tout d’abord, cet album possède la trop rare capacité à faire voyager son auditeur. En effet de par sa personnalité marquée, son caractère racé, «
L.A. Guns » transporte ce dernier dans un univers ensoleillé mais glauque ; superficiel mais psychanalyste, celui d’Hollywood de la décénnie 1980 ; terre de putains siliconées, de paradis artificiels et d’âmes perdues, ou les secondes chances sont rares voir inexistantes.
Musicalement, le feeling et l’attitude prévalent incontestablement sur la technique et les normes. Entrée en matière avec le très énergique « No Mercy » et son solo jouissif. Le tempo ralentit, mais le feeling rock/blues est toujours intact. S’enchainent des morceaux plus nerveux ; « One More Reason » et « Electric Gypsy » qui confirment que nos cinq anges de la mort maquillés de fard à joue premier prix ont le rythme dans le sang. Phil Lewis en tête, qui ne chante pas, mais affuble les morceaux de sa voix criarde et légèrement éraillée. Marques de la richesse musicale du sleaze rock de
L.A. Guns sur ce premier opus, les parties de saxophone sur «
Nothing to Lose » qui font écho au refrain beuglé par Lewis. Sur la deuxième partie, que dis-je, sur la FACE B de l’album, le rythme s’affaiblit une nouvelle fois, avec une magnifique instrumentale de guitare acoustique intitulée « Cry No More » qui n’est pas sans rappeler le « Dee » de
Randy Rhoads ; défunte idole de jeunesse de Tracii Guns ; et l’indispensable ballade « One Way Ticket ». S’en suivent les trois derniers morceaux de l’album, qui voient le rythme reprendre de plus belle, pour une fin magistrale, marquée notamment par l’excellent solo d’harmonica de « Down in the
City » ; ultime chapitre d’un conte moderne au pays du bonheur et des plaisirs synthétiques.
Un excellent disque par un excellent groupe donc, qui bien qu’ayant évolué dans l’ombre de son grand frère égocentrique, n’en est pas moins empreint d’un caractère légendaire et immuable. Car les légendes naissent dans l’ombre et meurent dans la lumière…
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