Keep In Mind Frankenstein, un titre bien méchant pour ce que nous réservent finalement les Grand Archives avec ce dernier album. Une nouvelle fois, nos Américains nous servent en effet des compositions fraîches –pour ne pas dire printanières- qui apportent une bonne bouffée d’oxygène dans un genre envahi par les sonorités électro, et où plus rien ne semble naturel. Quelle place pour la douceur dans ce monde de brutes ? Attention, gardons quand même à l’esprit que nous sommes dans un zine de rock, il faut donc bien que les Grand Archives se rattachent par un certain côté à cette famille musicale… Disons qu’ils se situent à son embranchement avec le folk, et dans la catégorie ballades pures. Pas de place en effet pour des grattes énervées ou autres blasts de folie, les 10 morceaux qui composent cet album sont tous, sans exception, bien loin d’enflammer le métronome…un euphémisme pour certains titres carrément soporifiques, en particulier « Lazy Bones ». Et même si les pistes sont assez courtes, ce qui devrait permettre d’éviter cet effet de redondance qui engendre la lassitude, le fait que la majorité des morceaux qui s’enchaînent se ressemblent -au niveau du rythme, des instruments ou encore de cet effet d’écho bien particulier sur la voix- induit qu’au final, on peut difficilement placer tel nom sur telle chanson, ou même simplement écouter l’album jusqu’au bout. Du positif malgré tout, puisque dans leur genre les Grand Archives se défendent plutôt bien. Au niveau instrumental, les leitmotivs du piano créent une rythmique et une ambiance saloon de western assez unique et bien ficelée, remarquable sur le titre « Siren Echo Valley Pt.2 ». Tout l’album est d’ailleurs dépaysant, on s’imagine par exemple dès le premier morceau, « Topsy’s Revenge », à la fenêtre d’un train à regarder défiler le paysage, en fredonnant « Someday I will come back » avec Mat Brook. Des images de nature, de douceur et de légèreté, voilà le visuel qui correspond à cette musique éthérée, où les voix de tous les membres se mêlent pour former un souffle unique qui fait vibrer notre corde sensible, que l’on accroche ou pas à ce style très particulier. « Oslo Novelist » est l’exemple même de cette harmonie, et l’un des meilleurs titres de
Keep In Mind Frankenstein. Un album, donc, qui a des atouts pour séduire, mais risque de ne pas plaire à tout le monde. Nombreux, en effet, sont les auditeurs qui attendent l’explosion, la tempête après le calme…qui ici ne viendra jamais.
Keep In Mind Frankenstein s’écoute alors selon moi, non pas d’un bloc mais par petites touches, quand vous avez envie d’un instant de calme et de retour à des choses moins sophistiquées. Passée cette dose, le besoin d’énergie risque de vous reprendre, alors passez à autre chose, tout en gardant dans les parages cette petite bulle d’oxygène.
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