Liste des groupes Pop Rock Coldplay Ghost Stories

S'il est une chose impossible à cerner et pleines de paradoxes, c'est bien la nature humaine. Qu'est-ce que je veux dire par là ? Je m'explique. En 2011 Coldplay est à son apogée, Viva la Vida a apporté la consécration aux britanniques les plaçant au premier plan de la scène internationale du soft rock/rock alternatif. Aucun souci à l'horizon pour nos quatre hommes qui s'entendent à merveille. On ne peut donc pas dire que la situation n'était pas propice à la sortie d'un nouvel album et d'un bon. Seulement c'est Mylo Xyloto qui est sorti. Tombant dans la facilité de la musique FM le 5ème opus a grandement déçu les fans de la première heure.

C'est un tout autre contexte qui entoure ce sixième album Ghost Stories. C'est avec un Chris Martin déprimé, en procédure de divorce avec Gwyneth Paltrow après 11 ans de vie commune, que cet opus apparaît dans les bacs. Si quand tout allait bien l'album était médiocre, on était logiquement en droit de penser que ça allait être encore pire alors que le pilier créatif de la bande était mal en point. Et bien c'est là qu'est le paradoxe.

Chris Martin, malgré ses problèmes de couples, va assumer quasiment dans son intégralité les compositions de ce Ghost Stories et va étaler son désespoir et sa peine à travers cet album, les paroles des chansons étant toutes à propos des chagrins d'amour. On sent que Chris a mis son âme dans ce disque où son chant est par ailleurs au sommet de son art, il n'y a qu'à écouter « Always in my Head » ou « Oceans » pour s'en convaincre.

Au niveau des instrumentations, Chris a fait un mélange entre la musique mélancolique du Coldplay des débuts et les touches électro de Mylo Xyloto encore plus présentes. Mais il a considérablement minimalisé le volume sonore pour concentrer son travail sur la texture des mélodies pour rendre ces dernières ultra-atmosphériques, planantes, traduisant parfaitement ce chagrin qu'il veut nous faire partager.

Le résultat est déconcertant. Il n'y a pas de superflu, peu d'ornements musicaux, seulement l'essentiel, pour un ambiance planante garantie : citons la ligne de basse de « Magic » ou « Midnight » qui atteint certainement les sommets de l'atmosphérique avec quasiment aucune instrumentation. Il y a également 2 perles sur cet album, « True Love » et « O » où la voix de Chris (pour le premier) et la mélodie de piano (pour le second) ont quelque chose de cristallin. « True Love » nous gratifie même d'un solo très appréciable tandis que « O » me rappelle le très réussi « Amsterdam » sur A Rush of Blood to the Head.

Il y a tout de même une ombre au tableau. L'énergique « A Sky Full of Stars » qui, loin d'être mauvais, a plus sa place sur Mylo Xyloto que sur celui-ci, rompant totalement avec la mélancolie que l'album s'est efforcée de dégager jusqu'à présent. Ce sera d'ailleurs probablement le seul titre que les fans du punch du précédent album apprécieront.

Mélancolique, intimiste, onirique ? Ghost Stories est tout cela, il est également le synonyme d'une créativité musicale retrouvée, qui s'affranchit quelque peu de la pression commerciale et ne tombe pas dans le piège de son prédécesseur. Certes, il constitue une prise de risque qui va encore diviser les fans, certains le qualifieront juste de soporifique et d'inutile et d'autres le trouveront mature, abouti et montrant que Coldplay peut encore produire de grands morceaux. C'est mon cas, et je considère cet album comme une prise de risque qu'il convient de saluer dignement, une œuvre touchante qui n'aurait jamais vu le jour sans les déboires de Chris. Comme quoi, à quelque chose, malheur est bon.