Alors qu’il nous avait habitués à une sortie discographique annuelle, BJH aura laissé 3 ans s’écouler avant de donner un successeur à "
Victims of Circumstance". Il faut dire que les tournées intensives et la reconnaissance commerciale, avec son lot de prestations télévisuelles et radiophoniques, ont imposé un rythme de vie épuisant au trio. Après une quinzaine d’années sans faiblir, il serait mal venu de leur reprocher cette petite pause. Le précédent album ayant clairement vu BJH basculer vers un format plus adéquat aux exigences commerciales, la question se pose donc de savoir si les britanniques vont continuer sur cette voix, ou bien revenir vers quelque chose d’un peu plus progressif.
C’est bien la première voie que le groupe à l’emblématique papillon a décidé de suivre. Et bien que d’une qualité plus que respectable dans son ensemble, cet album pourrait se répartir en 3 catégories de morceaux, à savoir, les ratés, les réussites et les « oui, mais ». Cette dernière catégorie symbolise parfaitement un album sur lequel plane souvent un sentiment de réserves. Ainsi, le single "
He Said Love" réunit toutes les composantes pour enthousiasmer les foules avec son refrain fédérateur et ces paroles se référant à la vie du Christ. Oui, mais comment ne pas y voir une tentative de capitalisation sur le légendaire "
Hymn" ? Des titres comme "Prisonner Of Your
Love", "Turn The Key" ou "Following Me" sont sympathiques et entraînants. Oui, mais la recette de la mélodie un brin naïve a déjà été utilisée à maintes reprises par Les Halroyd, et si leur écoute est agréable, elle traduit cependant un sentiment de redite. Enfin, "All My Life" est particulièrement agréable et reposant avec ses claviers aériens sur rythmique étouffée et basse ronde. Oui, mais ce titre n’aurait pas dépareillé sur un "
Ring of Changes" dont la formule était le fil conducteur.
Alors bien sûr, ces titres nous font tout de même passer un bon moment, mais ils laissent un léger sentiment de frustration qui empêche de s’enthousiasmer totalement. Heureusement, le bassiste barbu à la coiffure de caniche nous offre tout de même deux somptueuses ballades planantes dont il a le secret avec un "Kiev" aux légers accents slaves et un suave "On The
Wings Of
Love". De son côté, et en dehors du polémique "
He Said Love", John Lees se montre plus aventureux. Le catastrophique "
Panic" au refrain ridicule pourrait laisser penser que BJH n’est définitivement pas fait pour durcir le ton de ses morceaux. Heureusement, cette prise de risque est récompensée avec un "African" percutant et aux paroles fortes et revendicatives. La réussite est également au rendez-vous d’un "Alone In The Night" à la structure à tiroirs du meilleur effet. Enfin, si "You Need
Love" ne réussit jamais à réellement décoller, "Guitar Blues" s’en sort grâce à un excellent solo de clôture.
Malgré les réserves émises,
Barclay James Harvest réussira quand-même à faire une réussite commerciale de ce "
Face to Face", et "
He Said Love" aura un succès non négligeable sur les ondes radios. Autant dire que les amateurs du groupe en seront ravis pour leurs protégés, même s’il est vrai qu’ils auraient préféré voir le groupe toucher au but avec certains albums plus accomplis artistiquement. Malgré cela, nous ne bouderont pas notre plaisir, l’écoute de cet album étant globalement agréable et permettant de passer un bon moment.
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