Pour encore de trop nombreuses personnes,
AqME est un groupe membre de la fameuse Team Nowhere aux côtés des fiers Enhancer, Pleymo,
Vegastar … mais
AqME a rapidement quitté les rangs de ce collectif de la fine fleur de la French-Touch du Néo-Metal. Grand bien lui en a fait. Là où
Vegastar et Pleymo ont coulés et où Enhancer ne fait que s’enfoncer album après album dans la plus pur des médiocrités,
AqME progresse d’une manière formidable.
Pourtant, tout n’était pas franchement gagné… « Sombres Efforts » (2002) et « Polaroïds & Pornographie » (2004) ont posés les bases du style
AqME, un Néo Metal plutôt mélancolique, bien construit mais finalement assez quelconque. Pour certains,
AqME était même devenu un groupe à midinettes avec ces paroles pompeuses, sucrée, dépressive… «
La Fin des Temps » (2005) a presque coulé le groupe de par un disque mou et de moins en moins inspirés, plus proches d’un univers pop. Et puis «
Hérésie » (2008) a pris le temps d’arrivé mais a démontré un nouveau visage du groupe, plus massif, plus puissant mais finalement trop proche du bourrinage gratuit. Et en 2008,
AqME perd un membre principal : le guitariste Benjamin "Ben" Rubin. Beaucoup prédisent alors la fin du groupe. Mais très vite,
AqME rebondi et engage Julien Hekking et sort «
En l'Honneur de Jupiter » en 2009. Et le changement est là .
AqME devient enfin le groupe que tout le monde attendait au gré de compositions puissantes, vraiment recherché et travaillé. Trois ans plus tard, «
Epithète, Dominion, Epitaphe » sort.
Alors que l'album sort à peine, la nouvelle tombe et secoue tout sur son passage. Thomas "Koma" Thirrion fait ses bagages et quitte le groupe pour se concentrer sur sa passion du tatouage. Une décision mûrement réfléchie par le chanteur avant même la sortie de l'album, mais qui a pris tout le monde de court. Thomas est la démonstration même du chanteur qui s'est grandement amélioré au gré des années. Des débuts poussifs de par son chant très désagréable, mélange de pop acidulé et de poussifs hurlements extrêmement désagréables, il a peu à peu trouvé son style. Et «
En l'Honneur de Jupiter » a démontré toute la puissance vocale dont est capable le chanteur. Et sur «
Epithète, Dominion, Epitaphe », Thomas nous livre sa plus belle prestation. Un départ en beauté, oui, on peut le dire.
«
Epithète, Dominion, Epitaphe » travaille davantage les expérimentations sonores déjà apparues sur «
En l'Honneur de Jupiter » pour accoucher de onze compositions extrêmement variées dont le maître mot sera puissance. Le chant clair de Koma est réduit à sa plus simple expression, quelques lignes ici ou là , mais c’est bien son chant hurlé dont le chanteur nous fera profiter le plus souvent. Du côté des musiciens, le travail est là aussi extrêmement conséquent. Julien ne déçoit pas, variant son jeu avec une aisance incroyable, s’autorisant de nombreuses tentatives dans divers genres parfois très éloignés du style
AqME. Etienne "ETN" Sarthou délivre une performance impressionnante à sa batterie. Lui qui était tout juste bon sur les premières œuvres du groupe, il s’est révélé par l’intermédiaire de « En l’Honneur de Jupiter », frappant sur ces fûts avec une incroyable puissance et une technique irréprochable. Technique visible également sur ce nouvel album, ou le batteur fait véritablement tout ce qu’il veut faire. Charlotte Poiget reste également à la même place qu’on l’aime, sa basse grondant à de judicieux moments, ni plus ni moins. Le plus souvent, la basse reste dans la même mouvance que les guitares. Les quatre musiciens délivrent sur cet album une performance tout bonnement incroyable afin de pousser ce «
Epithète, Dominion, Epitaphe » comme l’album de la maturité, le tout extrêmement bien produit par Magnus Lindberg (Cult Of
Luna).
Pourquoi faire une introduction ? « Idiologie » démarre directement par un mur de guitare, les hurlements de Koma et c'est parti pour trois-quarts d'heure intense ! L'ensemble est massif, extrêmement sombre et violent, pas une goutte de chant clair ne sortira de ce titre, pas un seul moment de répit. Ça hurle, ça cogne, ça groove, les riffs sont terriblement incisifs, les frappes de la batterie se révèlent véritablement variées et réussies. Beaucoup d'expérimentations ici pour à chaque fois faire mouche, comme sur « Luxe Assassin » ou le riff frôle quelque chose de semblable au Black Metal sur cet étirement de riff et ce sentiment d'enfermement constant ou bien même ses différents blasts. Les quelques passages en chant clair auront du charme et les hurlements plaintifs de Koma en conclusion se montreront tout simplement bouleversants. « Adieu! » lui se rapproche presque d'un Metalcore de très haute volée, le chant clair en moins, les riffs suffisamment techniques pour conserver une agressivité constante sur tout le morceau, on apprécie également les divers passages de la basse qui nous régalera de sa puissance. « La Dialectiques des Possédés » se rapproche aussi du Metal extrême. Des blasts effrayant, des hurlements à glacer le sang et une guitare incroyable de violence et de puissance. C'est que cela en devient presque insolant d'expérimenter des passages comme celui-là et de réussir aussi facilement... Que dire aussi de ce moment où la musique disparaît quelque peu pour laisser Koma hurler quelques secondes seul. À glacer le sang, je vous le dis.
Si le chant plus clair devient très rare sur cet album, Koma ne l'a pas définitivement rangé au placard, en témoigne la « ballade » de ce disque : « Plus Tard vs Trop Tard ». On retrouve un chant clair similaire à «
En l'Honneur de Jupiter », à apprécier au goût de chacun sur des textes moyennement inspirés comparés au restant de l'album, qui a effectué un vrai travail là -dessus. Les couplets sont délicats dans leurs grandes majorités, joués sur une base proche de l'électro-acoustique, bien accompagnés par la basse. Les refrains alternent eux le chant clair et hurlé avec une grande sincérité et sensibilité, ainsi que des accords presque atmosphériques dans la forme qu'empruntent les guitares. Que dire ensuite de ce magnifique solo que nous offre Julien ? Bourrés de maîtrise et d'émotions. Plus le titre se dirigera vers sa fin, plus il s'enfoncera dans la noirceur et l'agressivité la plus totale avant de finir sur une note plus calme. Une vraie réussite. «
Epithète, Dominion, Epitaphe » titre éponyme offre également sa dose de chant clair. Mais ici, le rythme est quand même bien plus lourd. Ce titre est un véritable voyage entre des envolées claires très aériennes sur une rythmique excessivement lourde et une puissance de noirceur impitoyable sur la fin. « L'Empire des Jours Semblables » débute très lentement, des riffs en résonance avant de démarrer sur un riff presque Heavy agressif. Et c'est sur les couplets que la particularité du morceau fera son apparition. En effet, les couplets seront musicalement doux, peu de guitare, surtout de la basse, mais pourtant Koma nous offrira des hurlements d'une grosse puissance. Au contraire des refrains qui enverront du bois sur une alternance claire/hurlée avec grand talent et surtout beaucoup d'émotions. L'alternance de moments extrêmement lourds et d’autres biens plus rapides à base de double pédale très agressive sera très réussie, tout comme le finale qui conservera cette alternance « calme/violence ».
« My English Is Pretty Bad » s'ouvre sur une mélodie presque Post-Rock, aérienne aussi bien que lourde, accompagné par des coups de batterie bien rapides, à la manière des défilés un peu militaire par exemple. Le chant clair de Koma est calme, presque rempli de chagrin, la rythmique est martiale, lourde, mais aussi très progressive, les instruments se révélant peu à peu. Les deux invités ne tardent pas à montrer leur visage. Stéphane Buriez (Loudblast) accompagne le chant rageur de Koma sur les refrains en propulsant son chant Death typique sur une double pédale affolante de vitesse. Néanmoins, le chant purement Death de Stéphane s'accorde bizarrement avec les hurlements de Koma... Junior (Darkness Dynamite) conclut le titre sur des cris par contre assez en accord avec celui de Koma. La musique par contre sature désagréablement à la fin... « Marketing Armageddon » pousse par son côté violence gratuite bien exécutée. Aucune fioriture, les riffs sont agressifs, la batterie très puissante et les breaks plus ambiants avec le chant clair sont formidablement placés pour éviter une lassitude qui serait probablement venue sans. Julien nous gratifie là aussi d'un beau solo, même si du point de vue cohérence dans le morceau, il semble un peu en trop... « Quel Que Soit le Prométhéen (Ou le Nihiliste) » bloque un peu avec un ensemble un peu trop linéaire au niveau des hurlements de la voix de Koma. Mais l'introduction et le break presque solennel, un peu sur des sonorités ressemblant vaguement à un orgue seront véritablement originaux, mais c'est bien le tout en fait d'un titre qui n'est pas faible, bien au contraire, mais un peu trop lassant. Néanmoins, la formidable performance de la batterie, entre double et frappes sèches, est très agréable.
« 110.587 », qui clôture l'album, est un titre très particulier, bien loin de l'
AqME que l'on connaît, bien plus progressif. Un début doux, mais très froid, bercé par le chant clair de Koma qui sonne très juste et reposant avant de basculer dans un côté plus violent, mais toujours extrêmement froid. L'ensemble reste extrêmement planant, la basse bien présente y contribue grandement. Koma offre à nouveau son chant clair très aérien avant de servir de nouveau des hurlements d'une violence pure. Souvent très grave, son chant est très émotionnel, quelles que soient les variations qu'il emprunte. Chaque musicien offre une partition parfaite, sans fausses notes, enfonçant ce titre dans la noirceur la plus totale et la plus brutal. Même le break, qui ramène ce semblant d'orgue solennel sur le devant, transpire le négativisme et la noirceur du groupe. Un final grandiose vous attend ensuite, mais je vous laisse le découvrir.
«
En l'Honneur de Jupiter » avait lancé les hostilités et «
Epithète, Dominion, Epitaphe » le confirme,
AqME n'est définitivement plus le groupe gentil bon à passer à la dernière radio à la mode. De plus en plus sombre et noir au fil de leurs compositions, le groupe signe ici leur chef-d'oeuvre. Ni plus, ni moins. Chaque musicien est dans son élément. Les textes respirent enfin des paroles sincères et déjà plus travaillées, malgré que plusieurs écoutes soient probablement nécessaires pour tout saisir. Vincent Peignart-Mancini, qui remplace Thomas, a fort à faire ! Thomas quitte le groupe sur sa meilleure performance. «
Epithète, Dominion, Epitaphe » est sans doute la meilleure réponse que pouvait faire le groupe à tous ses détracteurs.
Merci :)
Bonne journée
Bonne fin de journée :)
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