Il est amusant d’étudier de plus près la signification des pochettes et titres d’albums de
Van Halen. Le "II" annonçant une suite logique du "I", le "
Women and Children First" conseillant de fuir devant une créativité débridée, et le "
Fair Warning" mettant gentiment en garde avant une attaque cinglante. Voici donc venir un "
Diver Down" dont la pochette représente un signal de la marine indiquant un ou plusieurs plongeurs en immersion dans la zone. De là à interpréter ce visuel comme l’annonce d’un groupe nageant en eaux troubles, il n’y a qu’un pas, d’autant qu’il est un secret de polichinelle que les tensions sont de plus en plus importantes au sein et autour du groupe. Tensions avec Warner puisque le contrat du groupe prévoit 5 albums en 5 ans alors que l’inspiration du quartet semble s’essouffler, et tensions entre membres, David Lee Roth et Eddie
Van Halen ayant des visions différentes de l’avenir artistique du combo.
Dans ce contexte, la mise est garde se révèle malheureusement justifiée ! 12 titres dont 5 reprises et 3 instrumentaux, pour un total inférieur à 32 minutes de musique, voilà qui ne nous laisse que 4 compositions originales à nous mettre sous la dent. Pas de quoi se payer une indigestion ! D’autant que ces titres alternent le bon et le moyen. Le très bon même avec "
The Full Bug", big rock énergique et entraînant, rehaussé d’un solo d’harmonica de 'Diamond Dave' du meilleur effet, ou "Hang’Em High" au tempo élevé. Par contre, "Little Guitar" ne dépasse pas les limites du sympathique, de même que "
Secrets", mid-tempo relativement plat.
Voilà qui se révèle frugal, d’autant que l’ensemble a tendance à partir un peu dans tous les sens avec la reprise d’un vieux jazz New Orleans ("Big Bad Bill (Is Sweet Williams
Now) ") qui voit Jan, le père
Van Halen, enrichir le titre de lignes de clarinette, et un "Happy Trail", reprise 'a capella' d’une chanson de Dale Evans, chanteuse et actrice de Western. Autant dire que si ces titres apportent une certaine dose de bonne humeur, ils semblent complètement décalés. Pas grand-chose à retenir du reste des reprises, même si le "
Where Have All the Good Times Gone !" des Kinks s’en sort bien avec son refrain accrocheur et une ambiance cool et ensoleillée, au contraire d’un "
Dancing in the Street" (Martha & The Vandellas) plat comme une limande. Reste la reprise du tube de
Roy Orbison, "(Oh)
Pretty Woman" dont l’intérêt principal vient d’un clip montrant déjà un David Lee Roth à part du reste du groupe.
Sans pouvoir être accusé d’être un 'mauvais album', "
Diver Down" n’en est pas moins une réelle déception, symbole d’un groupe à cours d’inspiration, peinant à masquer ses dissensions, et recueil de titres sans ligne directrice. Autant dire que l’inquiétude est de mise quant à l’avenir du quartet, même si les qualités techniques et un grand professionnalisme permettent encore de faire illusion et d’éviter à l’ensemble de sombrer en eaux profondes.
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