Matrix Reloaded, on parle bien sûr de la fameuse pièce remplie d’écrans dans laquelle siège l’Architecte, créateur de la Matrice. Ce «
Dear Morpheus » incite encore plus à plonger au cœur de la trilogie des Wachowski’s Brother (et sister, maintenant). Moi qui ne connaissais pas du tout Evenline, avant même d’entrer dans le vif de cet album, j’étais déjà prêt à me prendre une volée de musique électronique, pourquoi pas cyber, pour s’inspirer de ce monde futuriste et apocalyptique, tout en me demandant devant quelles références musicales je me trouverais une fois le premier titre lancé.
Stone Sour,
Nickelback,
Red,
Creed… Oui, je vous l’accorde, côté Metal Indus/Electro, on pourrait penser à autre chose, mais là n’est pourtant pas le cas. Evenline titille bien plus les vagues du Heavy/Hard-Rock/Grunge américain que les gros beats d’un Cyber quelconque. Après un premier EP en 2010, les voici mixés par Tom Baker qui s’est notamment occupé d’Alter Bridge, principale influence du quatuor Parisien et dont ils ont fait la première partie il y a quelques années. Une boucle, oui. Ce «
Dear Morpheus » s’inscrit dans la digne lignée des groupes cités plus tôt : un Rock Alternatif vaguement Metallisé, bénéficiant d’une production très agréable (même si elle manque parfois de puissance), une voix chaleureuse et caverneuse, entraînante et ne souffrant pas d’accent trop français, couplée à un chœur poussant de légers screams ici et là, rien de bien méchant. De la mélodie catchy et relativement easy-listening, mais pas que.
« Misunderstood » possède tous les ingrédients d’un bon tube. Ce démarrage lent, presque cristallin, puis un ensemble de riffs et de rythmes accrocheurs, une voix dans le ton, un groove parfaitement maîtrisé et des screams distribués à la petite cuillère et surtout LE refrain qui accroche tout sur son passage : c’est simple, c’est droit, mais ça suffit à en faire une mélodique entraînante. On a même droit à un solo bien classieux et un break sans fioritures. Puis il y a « Without You », cette rythmique lourde, ces descentes de rythme, ce côté très droit de la mélodie, ce refrain extrêmement téléphoné et aguicheur, de celui qui rentre en tête et devient encore plus collant que votre amant. Puis… Voilà.
C’est globalement la même recette qui ressortira de partout dans cet album sans trop de vagues. Concrètement, chaque titre est un tube en puissance, « Over & Over » reprend les mêmes ingrédients : une introduction groovy/douce, une accélération en trombe accords lourds et voix mélodique puis un refrain pop (et même un peu mielleux sur certains passages) et entraînant pour la forme, on peut aussi rajouter des petits breaks plus puissants sur la fin. Et juste avant ? « Insomnia », mais c’est un peu pareil, on démarre en beat électro, en guitare bien lourde et on conserve toujours ces refrains très mélodiques et accrocheurs mais qui sont tout de même moyennement accordés avec l’ambiance globale… Même le titre plus progressif, l’éponyme «
Dear Morpheus », n’est que peu convaincant. Pourtant il y a des bonnes idées, notamment ces couplets plus ambiancés faisant face à des refrains bien plus lourds. Oui, mais voilà, sept minutes, quand on ne met qu’un petit break assez quelconque au milieu, c’est assez long pour répéter les mêmes structures.
Mais il n’y a pas que des titres dans ces tons-là, comme tout bon Heavy Rock US, il y a aussi des ballades. Quatre, pour être exact. Quatre, sur onze titres, ça fait quand même beaucoup… Alors certes, elles sont de plutôt bonne qualité : « Letter to a Grave » en atteste, le toucher acoustique, ces riffs presque chevaleresques comme une épopée, c’est tranquillou, il y a des beaux passages de basse bien réchauffant, des petits breaks ensoleillés, des refrains faciles et entraînants… « Already Gone » choisit l’intro en trombe pour poursuivre en douceur, un peu comme le titre cité précédemment avec toujours des couplets acoustique/basse et des refrains très pop bien emmenés par des chœurs très agréables. Le registre ne change que trop peu pour « You Should Have Left Me », toujours basé sur cette même dominance de l’électro/acoustique, d’un duo de voix et d’un refrain encore une fois trop formaté pour être véritablement sensible. Quant à la conclusion toute en acoustique « Eternal Regrets », on l’attendait vraiment. Elle n’est en aucun cas surprenante, malgré la réelle justesse d’interprétation d’Arnaud qui a la voix pour ce type d’exercice et qui, donc, le réussit de bien belle manière. Et en parlant de prédiction, la fin électrique était tout autant attendue.
Remarque, quand il s’agit d’envoyer la sauce, Evenline répond plus que jamais présent, « Hard to Breathe » le démontre bien, de bonnes distorsions, un peu plus de scream, un rythme plus menaçant et un solo foutrement intéressant (nous faisant regretter les rares incursions guitaristiques de cet acabit) et un refrain toujours aussi entraînant. Dans un registre plus massif et sombre, « Judgement Day » vise juste, davantage de montée vocale, davantage de puissance et surtout cette capacité à créer un rythme massif et à le rendre constant, même sur les refrains, est divinement appréciable.
Lisse et sans vague, «
Dear Morpheus » est l’album même que l’on écoute sans prise de tête. Il y a du professionnalisme, de la droiture, de belles mélodies et une technique sans prétention. Il est évident que les rythmiques très téléphonées joueront sur le maintien au long terme de cette première production, mais il y a de quoi être bien optimiste sur la suite. Même que je finirais par leur pardonner d’avoir cru écouter un album de Rock électronique.
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