Après son passage dans la puberté,
Indochine grandit. Il s'épanouit telle une fleur après un hiver difficile. En effet, abandonné par sa maison de disque BMG en
1997, qui n'a pas su profiter de l'engouement pour la tournée de "
Wax", le groupe doit rebondir. Il profite du succès renaissant pour signer avec un nouveau label, Double T.
Dans l'été 1998, Nicola se met à l'écriture pour donner une suite digne de son prédécesseur. Il doit se remettre dans le bain après avoir rédigé et publié son recueil de nouvelles, "Les mauvaises nouvelles", qui reflètent l'univers sombre attaché au groupe. Il va devoir composer dans le sens d'une progression, ce qui lui donne un chalenge supplémentaire. Le groupe décide de faire évoluer ses sons plutôt pop vers des sonorités plus sombres et mélancoliques.
Cet album marque l'arrivée d'Olivier Gérard dans la conception musicale et non plus seulement visuelle. A l'époque, ce fan d'
Indochine est étudiant en art graphique et passe son temps libre à remixer les titres de ses idoles. Également féru de musique indus' et aux sonorités électro, il apporte à certains morceaux la touche plus obscure que Nicola cherchait. Le groupe se dirige vers un style Glam-Rock.
Session studio, "
Dancetaria" est en cours d'enregistrement et il doit confirmer la résurrection ! Or,
Indochine … Groupe maudit … 1999, Depuis plusieurs mois, Stéphane Sirkis souffre d'une hépatite, son foie est affaibli. Il décédera le 27 février à l'âge de 39 ans, laissant derrière lui une petite fille, Lou.
Pour Nicola, c'est encore un coup dure à passer. Après avoir décidé d'arrêter définitivement, il se reprend et choisit de finir en mémoire de son frère. C'est le plus bel hommage d'un homme en deuil. Il surpasse sa douleur, allant jusqu'à mettre son désarroi à contribution. L'effet final est tout simplement magnifiquement émouvant.
"
Dancetaria", titre éponyme, entraine dans une spirale angoissante … Comme le sentiment d'être triste sans vraiment savoir pourquoi. Une ouverture en douceur qui met mal à l'aise. Trois minutes, et les paroles arrivent en boucle infinie. Un titre qui parle du manque provoqué par l'absence et qui colle terriblement à la situation. Les sons lourds qui arrivent au cours du morceau renforcent la mélancolie qui nous envahit.
L'enchainement surprend … Retour à la pop ! "
Juste Toi et Moi" débute lentement … Encore un thème adolescent, l'amour interdit … Mourir pour enfin se retrouver et que tout soit possible. Avec "Manifesto", l'humeur va croissante soufflant des envies de rébellion et de liberté. Mais "
Justine" nous renvoie à des idées noires comme la prostitution et le suicide. Nicola a su intégrer ses sujets préférés qui jouent la provoque et ouvrent la polémique.
Parsemé de quelques sonorités électro-pop, des notes de synthé plus prononcées sont présentes sur "
Atomic Sky". C'est une des dernières compositions de Stéphane Sirkis dont les parties guitares enregistrées avant sa mort ont été intégrées. "Rose Song" reste du même acabi avec une lenteur acoustique qui précéde des parties de guitares énergiques et saturées. Deux morceaux qui abordent l'amour et la fuite de l'adolescence. Une envie de grandir, à l'inverse de "Peter Pan" (composition présente dans "
Wax", le premier opus de la trilogie).
Avec la puberté, vient une envie inconsciente … L'appel du sexe. Une première fois qui fait peur, quelqu'un pour nous rassurer … Nous apprendre … Voilà ce que "
Stef II" raconte au travers de sons de cordes plus doux qui apportent une certaine sérénité. Puis de brusques saturations de guitare font passer à l'acte !
La descente est douce … Emportée par des notes d'une douceur apaisante mais déprimante. "She Night" nous émeut par des passages assez symphoniques et des paroles qui nous rappellent encore une fois la disparition de Stéphane. Le piano lent sur l'introduction de "Vénus" nous garde dans un sentiment de tristesse. Cette caresse s'achève sur un rythme de guitare entrainante qui annonce le morceau suivant, "Astroboy". La touche électro y est très prononcé et fait contraste avec une bonne partie des morceaux de l'album. La rapidité colle bien aux paroles, vivre sans limite.
Sur "Halleluya", les instruments sont presque inaudibles, chanté presque en acoustique, ce qui donne un certain charme et tranche avec les morceaux qui l'entour. En effet, "Le message" nous renvoie les sons synthétiques de "Astroboy", bien que beaucoup plus nuancés. Il correspond à une traversée du temps, une évolution avec une critique des normes imposées. L'adolescent a grandit telle une fleur qui s'épanouit. Il sait que la vie ne sera pas comme il l'a rêve, il fera comme il pourra …
Au travers l'album "
Dancetaria", violence et douceur se succèdent. Malgré des rythmes entrainants, l'ambiance lourde qui rappelle le deuil persiste tout le long de l'album. Le mal-être cohabite avec le romantisme.
Le mixage effectué par le producteur Gareth Jones (
Garbage,
Wire, Depeche mode) permet de conserver les penchants rock d'
Indochine. La proximité musicale et écrite est maniée avec brio du début à la fin. C'est probablement, un des albums qui colle le mieux à l'univers que le groupe cherche à transmettre. Il fait oublier la production plate de "
Wax".
L'adolescent fini par devenir adulte …
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