En 1977, le bref tsunami punk est à son zénith, mais sombre déjà de lui-même dans son nihilisme ; il ne subsistera plus de ce maelström que quelques bouillonnements qui donneront le jour à la vague Cold Wave ; mère de toutes les musiques des 80’s. Les producteurs musicaux, en grands requins qu’ils sont, courbent l’échine pour le moment, mais supputent justement qu’après le tourbillon punk, il faudra en revenir aux fondamentaux de la période antérieure. Parmi les piliers musicaux du début des 70’s, il y avait notamment le hard rock brut, ravageur, cogneur de groupes tels que
Deep Purple,
Led Zeppelin et autre
Aerosmith, et Il y avait aussi un rock complexe, pompeux jusqu’à l’absurde, parfois abscons, avec comme têtes de proue Yes,
Genesis, ELP,
King Crimson etc…
Todd Rundgren, chanteur haut en couleurs, s’institue alors le producteur d’un chanteur de la même catégorie surnommé
Meat Loaf (tas de viande, du fait d’une boutade d’un de ses profs de lycée…., on peut s’imaginer la carrure du gaillard), ayant déjà officié au sein de l’opéra rock « The Rocky Horror Show».
Todd Rundgren impose donc, nonobstant l’air du temps, un mélange des valeurs du hard rock et du rock prog . Le parolier et compositeur Jim Steinman met dès lors en chantier une œuvre prodigieuse, déjantée, ambitieuse, épique mêlant allègrement une multitude de styles musicaux (ballades piano, hard rock, musique quasi symphonique, prog-rock, musique de cirque à la
Queen), tout est bon pour le fourre-tout musical qui sera intitulé «
Bat Out of Hell », titre déjà en lui-même tout un programme.
Et ça marche, ce LP se vendra à près de quarante millions d’exemplaires jusqu’à ce jour ! Les punks ont définitivement perdu leur combat contre les grosses productions du rock ; que sont-ils devenus ceux-là mêmes qui enterraient le rock à grands coups de « Rock’n’roll Is Dead… » crachés, vomis, bien plus qu’éructés.
«
Bat Out of Hell » débute par le titre éponyme de plus de 9 minutes, avec grondements de motos à l’appui, hurlements sortis des enfers et une musique diversifiée, épique, héroïque, un brin grandiose. La voix de
Meat Loaf est énorme, affûtée, tantôt haut perchée, tantôt rentrée, menaçante ou rassurante.
« You Took the World Right out of My Mouth” est introduit par un dialogue hot enchaîné par une énergique assise musicale basée sur des claviers vicieux ponctués d’interventions assez pop du chœur. Ensuite arrive la ballade tueuse « Heaven
Can Wait », portée par les arpèges aériens du piano de Roy Bittan (E-Street Band), respiration bienvenue après la frénésie des deux premiers morceaux. Reprise des hostilités avec «
All Revved Up with No Place to Go » plus classic-rock dans sa conception suite à la présence notamment de quelques traits de saxophone.
La face B du LP démarre en douceur avec « Two out of
Three Ain’t Bad », sympathique morceau reposant de plus de 5 minutes où de nouveau le piano, couplé à un jeu de batterie soft, accompagnent au mieux la voix un peu mielleuse de
Meat Loaf. Avec «
Paradise by the Dashboard Light », le LP nous emmène derechef vers les contrées les plus audacieuses du rock épique, l’excellence étant ici atteinte grâce au duo avec Ellen Foley qui porte littéralement ce titre vers des sommets de créativité où les cassures de rythmes sont fréquentes, les enchaînements de tempos surprenants mais demeurant toujours finalement dans la lignée grandiloquente générale du disque. Le titre de clôture « For Crying out Loud », probablement le titre le moins connu ou diffusé de l’album est un retour à l’apaisement, au repos des âmes torturées, marqué par un début calme, avec une montée en puissance de style lyrique, théâtral, magnifiée par la fantastique voix de
Meat Loaf qui module parfaitement celle-ci suivant les émotions à exprimer (l’histoire évoque les émotions amoureuses de deux adolescents).
«
Bat Out of Hell » est un album hors norme introduit par une pochette magnifique et proposant un style à part qui remet le rock grandiose à l’honneur en 1977!
Cet album est un mini opéra à lui tout seul, il connaîtra une suite en deux volets (1993 et 2006) qui, malgré quelques faiblesses, poursuivra la ligne de conduite de ce superbe «
Bat Out of Hell » volume premier apprendra-t-on donc par la suite. Ce sera un album de référence pour tous les groupes de métal héroïque dont par exemple Symphony X, Xantia ou Nightwish seront les futurs dignes représentants.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire