Si 1967 fut l’année du psychédélique grand public, ce n’est pas le cas de 1968. Alors que la plupart des groupes qui s’étaient mis au psyché en 1966 s’orientent vers quelque chose de plus rock (Beatles, Rolling Stones...), les piliers du genre décident d’aller plus loin dans le trip, proposant cette année là des albums déroutants et expérimentaux, qui malgré leur apparente inaudibilité s’avèreront décisifs pour la musique en général.
Grateful Dead n'échappe pas à la tendance et, à l’instar de
Pink Floyd et son Saucerful of Secrets, sort
Anthem of the Sun, bien plus délirant que son prédécesseur. Le son est toujours d’aussi faible qualité et les paroles peu compréhensibles, ce qui renforce l’atmosphère brumeuse qui y règne.
L’album débute avec That’s It for the Other One, pas encore de révolution, l’ambiance rêveuse de l’introduction est typique de l’année précédente, tout comme la suite assez bluesy. New Potato Caboose est bien plus acide, le côté onirique laisse place à une ambiance plus sombre qui rappelle celle de Saucerful of Secrets, avec toujours ces poussées délirantes. Après ces deux titres assez longs, le groupe surprend avec Born
Cross-Eyed, plus court et surtout plus agressif, le rythme et la guitare très énergiques alternent avec des pauses où l’absurde et le fanfaresque sont célébrés, surement le titre le plus efficace de l’album. La suite est bien plus difficile à aborder, Alligator est très long et complètement space, on y entend un fond lointain de blues, noyé par des claviers décalés et une ambiance toujours aussi acide, globalement bien réussi malgré une fin un peu trop linéaire. Caution reprend la même trame, et c’est à peine si on distingue la transition, plonge dans un univers complètement barré et se finit de manière aussi laborieuse.
Grateful Dead a avant tout voulu explorer les confins du rock psychédélique, et détruit ainsi totalement les schémas classiques pour proposer une musique aux structures plus complexes et floues. Si
Anthem of the Sun est assez difficile d’accès, on y trouve quand même des titres prenants, mais c’est avant tout l’ambiance qui fascine, ainsi que la gestion des temps faibles et des temps forts, une approche expérimentale et novatrice qui contribuera à forger le rock progressif, même si on est encore en plein psychédélisme, et ce n’est pas
Aoxomoxoa le suivant qui apaisera les esprits déjà bien torturés par celui-ci.
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