Anomalie

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11/20
Nom du groupe Louise Attaque
Nom de l'album Anomalie
Type Album
Date de parution 12 Fevrier 2016
Labels EMI Records
Style MusicalFolk Rock
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1. Anomalie 03:10
2. La Chute 03:09
3. Chaque Jour Reste le Nôtre 03:28
4. A l'Intérieur 03:32
5. Avec le Temps 03:28
6. L'Insouciance 05:17
7. Il n’y Avait que Toi 03:33
8. Les Pétales 03:21
9. Du Grand Banditisme 02:59
10. Un Peu de Patience 02:43
Total playing time 34:40

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Louise Attaque


Chronique @ Just_an_Ellipsis

04 Mai 2016

Malgré la frustration ne pas avoir eu « plus », Louise Attaque a su refaire embraser les étincelles

Il fut un temps en France où le Rock (dans son grand ensemble) avait une tout autre considération. En 2016, les groupes de Pop/Rock fusent de toutes parts, oscillant entre génie et resucée en règle, mais globalement faisant carrière dans l’indifférence totale du Grand Public, préférant se rassurer avec un Indochine en panne sèche où une reformation insoupçonnable de Téléphone (ou des Insus, disons) qui fleurent bon un mélange de passions communes pour la scène mais également d’un opportunisme certain, le groupe faisant frissonner nos réseaux sociaux de rumeur de reformation une époque déjà incertaine.

Louise Attaque est de la génération 90, fleurant bon le succès des Miossec ou des Têtes Raides à base d’un rock entraînant aux refrains entêtants, auteur d’un succès qui a surpris globalement tout le monde lorsqu’en 1997, l’album éponyme devient l'un des disques « rock » (en) français les plus vendus de l’histoire (et qui risque de le rester encore un très long moment). Succès qui a, d’une certaine manière, compliqué la route du groupe, sortant deux autres albums en 2000 et 2005, parfois interrompu par les projets annexes du quatuor (Tarmac, Poney Express…) et un long silence jusqu’en 2011.

Mais déjà, l’ambiance était différente. Si Gaétan Roussel jouit d’une carrière solo plutôt intéressante et surtout bien couronné de succès, la reformation voulue avec tous ses copains sur le plateau d’Alcaline (France 2) sonnait davantage comme une réunion forcée qu’un réel plaisir de retrouvaille, en témoigne un best-of scolaire et un inédit (« Du Monde Tout Autour ») vide de toute émotion. Encore quelques années plus tard, Louise Attaque officialise sa reformation et son quatrième album, mais uniquement en trio, Alexandre Margraff lâchant le navire définitivement. Alors : opportunisme ? Passion commune ? Volonté de reconquérir l’ancien public ? Ou au contraire un nouveau ?

Nous retrouvons nos vieux briscards que sont donc Gaétan Roussel (guitare/chant), Robin Feix (basse) et Arnaud Samuel (violon). Entre Brighton et les Studio Ferber, Anomalie s’est vu enfanté par un jeune producteur britannique, Oliver Som, afin de conférer une aura résolument plus moderne à la nouvelle aventure de Louise. Par le biais d’une FAQ sur Twitter, quelques changements avaient déjà étés annoncé, notamment concernant le cœur du groupe, à savoir le violon. Moins de contrechamps, moins d’envolés, davantage de travail par trait plutôt que par ensemble. Et comment cela se traduit-il ?

« Anomalie » pose un premier parpaing sur le nouveau devenir du groupe. Résolument énergique et au tempo plus que relevé, le violon y apparaît très éloigné, des beat électros en premier plan, on a parfois du mal à se mettre d’accord sur ce que l’on écoute. Et pourtant on reconnaît, on sait. Ces répétitions de textes, cette voix éraillée et reconnaissable, toute l’usine à tube est parfaitement huilée de par cette ambiance catchy à souhait. Mais entre le catchy et le fade, il n’y a qu’un pas…

Certains titres peinent complètement à convaincre, les bonnes idées se retrouvant étouffées par des instants d’une lourdeur implacable. Si « Avec le Temps » dispose d’un refrain fantastique d’émotion et d’envolée, les couplets soporifiques font souffler de par leur vide musical. Le son de cloche est similaire sur « Il n’y Avait que Toi ». On ressent une bonne présence de la basse, mais le titre dégouline d’une bienséance lassante, rien ne surprendra, rien n’emballera. On retrouvera globalement les mêmes problèmes avec la toute mignonne (mais laissant sur notre faim) ballade finale « Un Peu de Patience », pourtant cette atmosphère simple, guitare, basse, violon, on a tout pour nous faire penser à du bon vieux Louise Attaque, sans toutes dissensions électroniques. Et au sommet se trouve « Les Pétales ». Si les couplets sont plutôt sympathiques, acoustique et belle voix, on ne peut que s’imaginer de la jeunesse du producteur qui semble s’éclater à mettre des nappes de synthés et de chœurs qui ont tout pour devenir extrêmement écœurantes. Mylène Farmer serait fière.

Mais cet album est donc mauvais ? Vide ? Non, et heureusement. On trouve des titres nous rappelant que Louise Attaque reste Louise Attaque. « La Chute », malgré un manque de finesse assez criant, donne une modernité bienvenue au groupe. Cette guitare dansante, ce violon strident et distordus, ces boucles vocales, cela fait mouche avec un certain talent. Entre modernité et ancienneté, « A l’Intérieur » se place, des couplets hypnotisants, sombres, contrebalancés avec une aura pop très sucrée sur des refrains très (trop ?) aériens qui pourront en faire sortir certains de l’ambiance.

Et puis il y a ces titres qui nous font définitivement nous dire que Louise Attaque mérite tout simplement cette renaissance et que ce génie, ils l’ont toujours. « Chaque Jour Reste le Nôtre » et son aura céleste, dans un faux calme constant, ne haussant jamais le ton et parvenant malgré tout à captiver toute notre attention. Preuve qu’une omniprésence de synthétiseur peut ne pas nuire s’il est tout justement présent. La magnifique ballade « L’Insouciance » se place également dans ces pistes de génie. Le violon a enfin droit à tout son espace, tout est fantastique ici. La voix au bord des larmes de Roussel, les percussions, la basse, tout est fait pour nous transporter et nous emmener vers ce qui change également : la teneur et la gravité des nouveaux textes. « Du Grand Banditisme » montre une nouvelle créativité, utilisant le passé pour façonner un son d’avenir. Les dualités de voix, ce violon bondissant, cette atmosphère progressive, rock et groovy, tout simplement excellente.

Au fond, qu’est-ce qu’on attend de ce retour de Louise Attaque ? Une simple relecture d’une gloire passée ou un regard tourné vers l’avenir ? Parfois, on tremble. On a l’impression que le groupe se laisse aller dans ce côté blockbuster sonore. Des fois, on se dit que l’on se trouve tout simplement devant le nouvel album de Gaétan Roussel, le chanteur étant omniprésent dans la composition. Ou alors est-ce finalement le nouveau premier album du groupe, début d’une nouvelle carrière ? C’est très difficile à évaluer et si la démarche demeure très intéressante, ce côté archi-électronique qui ressort parfois semble tenter de masquer un cruel manque d’imagination. Mais de notre côté, comment réagir ? Beaucoup vont gueuler car il y a trop de choses nouvelles. Mais avouez que vous aurez aussi gueulé si rien n’avait changé… Même si la frustration ne pas avoir eu « plus » (car le disque est tout de même très court…) est palpable, Louise Attaque a su refaire embraser les étincelles. Il ne reste plus maintenant qu’à y balancer l’allumette.

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