biografía : Jesse Harper
Intact et inédit, voilà un moment musical du Londres de la fin des années 60 qui nous arrive dans des circonstances singulières. L’album, paru fin janvier (vinyle et MP3), a été enregistré en 1969 par un chanteur-guitariste inconnu au son parfois hendrixien. La chose n’avait jamais été commercialisée, sauf via une version pirate produite à Londres en 1994, remastérisée en 2002, et pressée à quelques milliers d’exemplaires sous le titre Guitar Absolution in the Shade of the Midnight Sun. Nom de l’artiste : Jesse Harper. Genre : Psychedelic Rock. Histoire : compliquée.
«Power trio». En fait, Jesse Harper s’appelait Doug Jerebine. C’était un guitariste néo-zélandais qui, après avoir tourné dans son pays avec divers groupes, avait décidé en 1968 d’aller respirer l’air vif de Londres. Il y débarque deux ans après Jimi Hendrix, avec dans les doigts des accords de blues et dans les amplis du gros son, comme l’autre.
Selon Keith Newman, historien du rock kiwi, le guitariste joue à gauche, à droite, y compris avec Jeff Beck, puis enregistre avec un batteur un album en formule «power trio», Jerebine tenant la guitare et ajoutant la basse en overdub. A l’écoute des bandes de celui qui s’est rebaptisé Jesse Harper, Atlantic Records est, paraît-il, à deux doigts de signer le petit nouveau, la firme américaine étant heureuse de dégoter un Hendrix bis, mais l’affaire capote en raison d’un intermédiaire véreux. Ensuite, c’est EMI qui se met sur les rangs, mais, cette fois, c’est Harper-Jerebine qui fait faux bond… Le garçon, très porté sur la méditation, s’apprête à rejoindre les rangs de Krishna. Harper redevient Jerebine, et Jerebine s’échappe en Inde dans le sillage patchoulisé d’un gourou au nom imprononçable, fondateur de l’International Society for Krishna Conciousness.
Historique. Plus persévérant que les Beatles, Jerebine ne devait redescendre de son trip lumineux que récemment, pour reprendre, à plus de 60 ans sonnés, sa carrière de musicien prometteur. Il tourne aujourd’hui avec le groupe World Band.
Drag Records n’est pas mécontente de déterrer son Hendrix austral au parcours invraisemblable. Le disque n’est pas désagréable à écouter, il a un intérêt historique indéniable, mais invoquer les mânes du gaucher de Seattle pour promouvoir cette exhumation est sans doute excessif… Le parallèle ne tient que sur deux ou trois morceaux, et encore. Mais il est vrai que le culte hendrixien se porte bien (lire ci-contre), et que la musique du guitariste - qui aurait eu 70 ans ce mois-ci - est toujours écoutée, même par les plus jeunes oreilles.
Source : Edouard Launet ; http://next.liberation.fr/musique/01012389279-jesse-harper-hendrix-bis-repetita