Oiseaux-Tempête
Les fans du groupe s'en souviennent
certainement : à la fin de l'été dernier, alors en pleine tournée
mondiale, le groupe irlandais God Is An Astronaut a dû annuler une
série de dates, dont deux en France. Le batteur du groupe, Stephen
Whelan, avait été victime d'une bactérie à la jambe, ce qui
l'avait empêché d'assurer les concerts, notamment à Lyon et
Nantes. Une fois rassurés sur son état de santé, les irlandais
avaient alors appelé en renfort le batteur studio, Lloyd Hanney,
afin de continuer la tournée à Paris et dans le reste de l'Europe.
Le show du 19 septembre à Paris reste probablement le meilleur
concert que j'ai pu voir, malgré des circonstances difficiles pour
le groupe : ils avaient néanmoins réussi à assurer un spectacle
magique, très très proche du public et particulièrement
chaleureux.
Peu de temps après, pour compenser
les dates annulées, God Is An Astronaut avait promis un autre
passage en France dans les mois à venir. Et non seulement ils ont
tenu paroles, mais à la place de deux concerts annulés, ils en ont
offert huit dans notre beau pays, et quelques autres ailleurs en
Europe. Bien sûr c'est principalement une question de moyen : ça ne
vaut pas le coup de partir faire des concerts loin uniquement pour
deux dates, mais la sympathie pour le public français est palpable.
Pas de passage à Paris même n'est prévu, mais plutôt en lointaine
banlieue, à Savigny-le-Temple pour être précis, dans les environs
de Melun. J'habite peut-être à l'autre bout de l'Île-de-France,
mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher de retourner voir mes
irlandais favoris. Heureusement qu'il y a un RER plus ou moins direct
et plus ou moins à l'heure pour me permettre d'y aller, et que la
salle de l'Empreinte est proche de la gare. J'arrive tout juste pour
l'ouverture des portes, et de toute manière ce n'est pas bien grave,
puisque le public ne semble pas être très nombreux ce soir-là. La
salle est de configuration assez étrange, on croirait un ancien
entrepôt changé en salle de spectacle, dans un style architectural
rudimentaire rappelant le bunker. On pourrait à vue de nez faire
rentrer 600 personnes dans la pièce, mais au maximum on aura pas
dépassé les 200 personnes. Curieux, car le show à Nantes était
complet quelques jours avant.
Les membres du très étrangement
nommé groupe de première partie, Oiseaux-Tempête, commencent à
prendre place sur la haute scène. La configuration nous donne tous
les indices pour s'attendre à un groupe de post-rock : des pédales
partout sur la scène, pas de micros, et un bassiste au milieu. Et en
effet, les parisiens jouent bien du post-rock, mais comment dire …
un poil plus expérimental. Ce qui s'apparente au premier morceau
débute de manière lente et progressive, en rajoutant les
instruments un à un, de même pour quelques samples. Il n'y a pas
vraiment de rythme en réalité, ni de mélodie, ce qui fait que je
n'accroche absolument pas. Les gratteux se laissent aller à quelques
mouvements techniques intéressants et originaux, qui font sonner
leurs instruments de manière un peu étrange, mais à part pour le
spectacle je n'en saisie pas bien l'intérêt. Le public semble avoir
la même réaction que moi : personne ne bouge, on en voit bailler,
d'autres sont accoudés au comptoir avec leur bière. Comme souvent
avec les groupes de post-rock, les membres ne communiquent pas
beaucoup avec le public, si ce n'est un p'tit mot de temps en temps,
histoire de vérifier si on est toujours là. Les titres des morceaux
ne sont pas annoncés, ce qui n'est pas très judicieux pour avoir
des futurs fans, mais de toute façon il est bien difficile de
retenir un morceau plutôt qu'un autre, tant l'ensemble paraît
linéaire. De temps en temps le guitariste lâche sa guitare pour
prendre un saxophone, dans lequel il souffle comme un damné, ce qui
lui donne une tête toute rouge un peu ridicule. Le micro étant
placé au fond du saxophone et non à la sortie du pavillon, on
n'entend qu'un son strident très saturé, encore plus dissonant que
le reste de la musique. Bref, il ne se passe rien, tout le monde
semble s'ennuyer, on passe à la suite.
God Is An Astronaut
Et voici enfin les irlandais qu'on
attendait tous, Jamie toujours sur la gauche de la scène, afin
d'avoir les claviers et la guitare à disposition, Torsten au centre,
et Niels à la basse à droite. On aura malheureusement du mal à
apercevoir Stephen, dont la batterie est située loin du public, et
un peu caché par la fumée. Sans un mot, on début doucement sur le
magnifique Reverse World et ses touches électroniques, parfait pour
ouvrir le spectacle. Durant une bonne heure quarante de concert nous
avons droit à un bon tour d'horizon de leur discographie, qui mine
de rien commence à être conséquente. Difficile de caser des
morceaux de tous les albums et de satisfaire tout le monde, d'autant
plus qu'un album est en préparation, et que quelques morceaux ce
soir en sont issus. D'ailleurs, jouer en live quatre morceaux d'un
album qui n'a pas encore vu le jour est un pari assez osé, mais
c'est aussi une manière courageuse de confronter des nouvelles
compositions sans aucun a priori. Les Vetus Memoria, Centralia et
Agneya passent très bien, toujours dans le style reconnaissable du
groupe, avec un aspect néanmoins plus lourd, et plus d'impact
direct. Des bons morceaux à coup sûr (dont on un qu'on avait déjà
entendu – Centralia qui s'appelait auparavant Dark Passenger), il
ne reste plus qu'à voir comment ils vieilliront au bout de plusieurs
écoutes. Le morceau éponyme du futur album, Helios | Erebus, se
fait plus progressif, quitte à taquiner les huit-neuf minutes, et se
positionne parmi les morceaux les plus riches de leur discographie.
J'ai de plus en plus hâte d'entendre ce nouvel album (qui sortira le
21 juin pour rappel).
Quant aux autres morceaux que l'on
connaît déjà bien, ils sont comme d'habitude remarquablement
interprétés, les quelques passages murmurés le sont aussi en live,
et le son est nickel, très propre. Pour une fois, pour du post-rock,
la basse n'est pas trop mise en avant, ce qui permet d'apprécier à
leur juste valeur tous les instruments. Pour ce qui est du jeu de
scène aussi, on s'éloigne doucement des clichés du style,
notamment à travers la personne de Jamie, qui est particulièrement
expressif/dynamique. C'est lui qui est chargé de mettre l'ambiance,
ce qu'il fait avec succès, en partie grâce à son succès auprès
de la gent féminine héhéhé ! Torsten et Niels en revanche ont
toujours tendance à se cacher derrière leurs cheveux. On pourrait
croire à une marque de timidité, mais il n'en est rien, car Torsten
n'hésite pas à blaguer avec le public et à charrier Jamie. Entre
chaque morceau ils doivent ré-accorder leurs guitares, ce qui tourne
vite en concours de qui l'accorde le plus vite ! 1-0 pour Torsten !
Jamie égalise, puis finit par battre tous les records de charisme en
descendant dans la fosse avec sa guitare, par deux fois !
Si le public est très réactif à la
musique du groupe, il ne le montre que par des mouvements de tête et
des applaudissements. Pas de pogos ni de slammeurs, contrairement à
leur dernier passage à Paris en septembre dernier, où l'ambiance
était clairement à la fête. Dommage qu'on ne leur ait pas réservé
un accueil plus festif et dans un plus beau cadre cette fois-ci. Le
groupe en revanche aura donné son maximum, et à l'évidence tout le
monde sera reparti heureux, les fans convaincus comme ceux qui les
ont découvert ce soir-là.
Les gars, revenez quand vous voulez !
Setlist probable :
1. Reverse World
2. The End of the Beginning
3. Fragile
4. Dust and Echoes
5. Vetus Memoria
6. When Everything Dies
7. Worlds in Collision
8. The Last March
9. Red Moon Lagoon
10. Helios | Erebus
11. From Dust to the Beyond
12. Centralia (ex-Dark Passenger)
13. Forever Lost
14. Fire Flies and Empty Skies
Rappels :
15. Agneya
16. Suicide by Star
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