Attention, chef-d’œuvre du groupe mythique de
Pete Townshend !!!
Paru en 1971, né des cendres à peine froides du projet avorté «
Lifehouse » du grand Pete, « Who’s Next » est sans conteste à mes yeux le meilleur album du groupe et figure sans problèmes dans mon top 10 des albums que je considère comme indispensables à tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu au rock.
Donc, après le succès de «
Tommy », Pete Townsend s’attaque à un projet qui lui tient à cœur depuis un petit temps et qu’il compte intituler «
Lifehouse ». Pete Townsend choisit de nouveau la formule de l’opéra rock pour développer son idée : une histoire assez nébuleuse de SF qui sera présentée, comme
Tommy, sur un double album. Pete travaille beaucoup à ce projet et amasse un paquet de titres conceptuels qu’il présente à ses copains du Who. La réaction des trois compères de Pete est pour le moins glaciale et amène une certaine tension entre les quatre musiciens. Afin de calmer les tiraillements, le groupe fait appel à un producteur déjà ingénieur son des Stones et de Led Zep : Glyn Johns qui se chargera donc de ramener la sérénité dans le combo. Après avoir écouté les maquettes de «
Lifehouse », Glyn Johns convainc le groupe de garder la majeure partie de celles-ci mais de ne plus les utiliser en tant que succession de titres amenant à la réalisation d’un album concept, mais au contraire, de prendre les titres tels qu’ils sont et de faire simplement un album de rock brut, puissant et novateur.
En fait, tous les titres du vinyle seront issus du projet «
Lifehouse », hormis «
My Wife » qui sera une création personnelle du bassiste
John Entwistle.
Mais, penchons-nous maintenant vers la musique de ce monument de l’histoire du rock.
L’album débute par un somptueux titre : « Baba O’Riley » dont l’ossature est forgée par une séquence de synthétiseur ARP jouée en boucle, qui donne un aspect électronique à l’ensemble. Le titre, assez étrange, est une association des noms du gourou indien de Pete Townsend (Meher Baba) et d’un compositeur américain de musique minimaliste avant-gardiste (Terry Riley). L’album continue en force avec « Bargain » et sa mélodie scandée par les roulements de batteries de Keith Moon, tranchée par la six cordes de Pete Townsend et parsemé de moments calmes, précurseurs des hurlements d’un
Roger Daltrey en grande forme.
«
Love Ain’t for Keepin’ » est une courte respiration acoustique que s’octroie le groupe avant de relancer la mécanique avec «
My Wife », seul titre donc absent de «
Lifehouse ». Ce titre mi-humoristique, mi-sérieux a été créé par
John Entwistle après un échange de mots assez vif avec son épouse. On soulignera sur ce titre l’apport essentiel et naturel de la basse de
John Entwistle.
Plusieurs titres de l’acabit de « Bargain » défilent ensuite ; rock brut et sans concession, guitare marquée, batterie et basse en appui de la voix impériale et torturée de
Roger Daltrey. Tous ces titres : « The Song Is Over », « Getting in Tue » et « Going Mobile » représentent, sans être pourtant des grands standards du rock, l’essence même de la musique des Who. Le titre «
Behind Blue Eyes » évoque un après-concert particulièrement chahuté et au cours duquel une groupie aurait repoussé les pressantes avances de Pete Townsend. Dépité, Pete Townsend aurait écrit ce titre dès sa rentrée à l’hôtel.
L’album se clôt par le superbe, le majestueux, l’insurpassable « Won’t Get Fooled Again » qui est un peu le pendant du premier titre avec sa structure musicale basée sur l’utilisation des claviers électroniques. Ce morceau hors du commun, intemporel, s’étale sur plus de 8 minutes et titille l’excellence en matière de puissance et d'évolution musicale. Dès l’intro, on est véritablement scotché par la progression architecturale du morceau. Dès que
Roger Daltrey entame les chorus, on est subjugué par la justesse de sa voix posée sur une ligne musicale rageuse. La batterie de Keith Moon est présente et répond magnifiquement aux lames tranchantes de la guitare de Pete Townsend,
John Entwistle quant à lui malmène sa basse hargneuse et pugnace, le tout est bien sûr superbement enrobé par les sonorités caractéristiques du clavier ARP déjà utilisé sur « Baba O’Riley ». Ce morceau est un chef d’œuvre et les Who ne feront jamais mieux ! Et pourtant, cette chanson est un constat d’échec qui se lamente sur toutes les illusions perdues engendrées par les contestations et révolutions. "On ne nous y aura plus" lancent-ils.
Un petit mot aussi sur la pochette pour signaler que sa réalisation s’est directement inspirée de « 2001 L’Odyssée de l’Espace » de Stanley Kubrick. Le monolithe de béton découpé sur un paysage lunaire évoque en effet une des scènes du célèbre film. A titre de provocation, les membres du groupe ont tout bonnement uriné sur ce bloc, mais il se dit que l’un ou l’autre n’ayant pas foncièrement envie de se soulager, une bouteille d’eau serait venue au secours des vessies défaillantes.
« Who’s Next » est une œuvre incontournable pour l’amateur de rock. Plus de quarante ans après sa création, elle surprend toujours par sa force brute, presque animale qui émane de sa musique. Plus qu’un simple album, ce vinyle représente à mes yeux, un florilège de morceaux frisant la perfection, un modèle du genre qui inspirera évidemment bon nombre de groupes par la suite.
Won't Get Fooled Again est l'hymne du son rock à puissance dix, avec son final à vous faire ériser tout les poils de votre corps.
Voilà un disque que l'on peut écouter sans jamais se lasser.
"Behind Blue Eyes" au casque en s'allumant une cigarette, c'est juste le bonheur.
Un pur chef d'oeuvre tout simplement. Un des plus grands disques de l'histoire du rock.
Il tourne encore régulièrement sur ma platine.
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