Bien sûr, il y a toujours pire. Pourtant, avec « Who’s Joe » et « Hey
Now What You Doing », on démarre avec l’idée que l’opus, tranquillement rock, nous offrira une écoute agréable, bien rythmée, joliment mélodieuse. « Waiting for the Sirens’ Call » le confirme, mais avec un son plus dépouillé, moins saturé. Pourtant, on sait que la voix de Bernard Sumner, au lieu de se détacher, gagne à se fondre dans le décor, dans l’épaisseur des sonorités instrumentales. «
Krafty », de ce point de vue, coupe la poire en deux, plus kraftwerkien dans les couplets, plus chargé dans le refrain. « I Told You So », sur un rythme reggae, annonce une couleur plus électronique, et on se régale avec les chœurs de la belle Dawn Zee, à mesure que le morceau s’intensifie. « Morning Night and Day » commence électro puis devient de plus en plus rock et, dans l’ensemble, « Dracula’s Castle » répond au même état d’esprit, bien qu’en forçant parfois le trait au niveau du synthétiseur, ce qui est dommage car, du coup, on dirait une visite guidée du château de Dracula organisée au mois d’août, à onze heures du matin, pour un car de touristes. Sur « Jetstream », on a droit à un vrai duo avec Ana Matronic. Dawn Zee revient, cette fois-ci avec Beatrice Hatherley, pour essayer de faire passer « Guilt Is a Useless Emotion », mais l’orientation techno montre que les auditeurs s’étaient trompés au début, en s’attendant à une seule ligne de conduite. Ni « Turn » ni « Working Overtime », plus proches des premiers titres, ne parviennent à rectifier le tir. Pur produit de son époque malgré une maîtrise
Technique indéniable, fruit de la collaboration avec plusieurs producteurs (Jim Spencer, Stephen Street, John Lockie, Stuart Price), « Waiting for the Sirens’ Call », où Gillian Gilbert brille par son absence, est un bazar sans grand intérêt, et la caution artistique de Peter Saville ne trompe plus personne. Non seulement le niveau de maturité n’est pas celui de «
Get Ready », mais en plus il serait indécent de mettre à ce regroupement artificiel une note égale à « Power, Corruption & Lies ». Conclusion : avec
New Order, on n’est jamais sûr de rien.
D. H. T.
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