L’EP
No One’s First and You’re Next regroupe des inédits ou des titres laissés de côté lors des enregistrements des précédents opus de
Modest Mouse, à partir de Good News for People Who Love Bad News, en 2004. Si le groupe semble peiner à conquérir l’Europe, ses preuves ne sont plus à faire sur sa terre natale, les Etats-Unis, où il est amplement reconnu, particulièrement depuis la sortie de son dernier album en date, We Were Dead Before the Ship Ever Sank. Le combo nous livre ici tous ces titres qui sont passés au second plan, mais qui ne manquent certainement pas de qualité, que l’on apprécie ou non le style de Modest Mouse.
Il faut dire que celui-ci est difficile à qualifier, puisque le groupe mêle un chant souvent brut et énervé à une musique groovy et limite planante, une drôle d’alchimie qui se ressent dès le premier morceau, l’accrocheur « Satellite Skin ». Néanmoins, on ne note pas de réelle continuité entre les titres, puisque ceux-ci n’ont pas été composés au même moment de la vie du groupe, et donc dans un esprit similaire. D’ailleurs, le lancement de cet EP de 8 titres avait été précédé de la sortie de 3 vinyles deux-titres, prouvant que No One’s First and You’re Next ne forme pas un ensemble cohérent.
Pas de risque de redondance donc, mais une impression de passer du coq à l’âne, ou plutôt de la baleine à l’éléphant, entre « King Rat » et « The Whale Song », morceau surprenant qui porte bien son nom tant la guitare imite fidèlement le son de l’animal…malheureusement pas pour le plaisir de l’oreille ! Il faut dire que les trois premiers titres plaçaient la barre très haut pour la suite de l’EP, notamment le morceau « Autumn Beds », où la voix d’Isaac Brock se fait aussi douce que la mélodie portée par le banjo et la guitare acoustique. Une vraie pause dans l’album, qui marque la limite entre un très bon début, et une fin assez moyenne, peut-être trop originale à mon goût. On y retrouve « The Whale Song », le rétro « Perpetual Motion Machine », « King Rat » et « I’ve Got It All (Most) ». Ce dernier titre, qui se trouvait sur le fameux single “Float On”, rappelle certains morceaux pop en vogue en ce moment, et conclue parfaitement l’EP.
Au niveau technique, il est indéniable que les membres du groupe font preuve d’une parfaite maîtrise instrumentale, cependant on ne peut pas en dire autant au niveau vocal, Brock ne chantant pas toujours avec une justesse irréprochable. Un autre bon point pour Modest Mouse est le fait qu’ils mettent successivement en avant différents instruments tout au long de l’album, de quoi varier donc, et montrer la polyvalence des artistes du groupe.
Un EP original, peut-être trop, et qui manque surtout de cohérence du fait même de son concept. Des morceaux qui néanmoins s’écoutent facilement, ne se répètent pas, et qui s’impriment rapidement dans les esprits du fait de leur petit nombre et de leur courte durée. On ne peut que leur souhaiter de réussir à s’exporter vers l’Europe, car même si la concurrence est rude, no one’s first and they’re next !
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