Brian Setzer semble avoir opté pour une double carrière : d'un coté, le "
Brian Setzer Orchestra", emmené par le chef d'orchestre le plus tatoué au monde, de l'autre, les albums siglés "
Brian Setzer". D'un coté, une formule explosive avec un groupe de 17 musiciens ou plutôt un leader, guitariste-chanteur, épaulé par une section rythmique contrebasse-batterie et enjolivé par 5 saxophonistes, 4 trompettes et 4 trombones, plus 2 choristes et parfois des "Guests". Bref, quelque chose d'assez touffu, dense, où tout doit être "rangé" au millimètre pour être efficace.
De l'autre coté, cette formule trio, guitare-contrebasse-batterie, qui a fait la renommée et la fortune de l'ex-Stray Cat. Elle a fait sa gloire parce que Setzer écrivait de vraies bonnes chansons de Rockabilly, Parce que les
Stray Cats avaient un "son" bien identifiable sur leurs meilleurs albums, un son fait par
Dave Edmunds. Et puis aussi parce que
Lee Rocker et Slim Jim Phantom étaient eux aussi des pointures dans leur domaine, et que l'alchimie des trois New-Yorkais, c'était ça, les
Stray Cats : 3 potes qui avaient grandis ensemble, qui s'étaient barrés des States ensemble et qui avaient mûri leur musique ensemble.
Cette alchimie, Setzer a très peu de chances de la retrouver maintenant. En tout cas, pas à 17 musiciens (c'est déjà pas simple de s'entendre à 3!), et sûrement pas en trio, en changeant de musiciens à chaque album. Brian est le chef, on l'a tous compris. Il veut tout régenter, c'est son droit puisque ce sont ses albums. Si un musicien veut l'ouvrir, il en parle à Setzer, qui l'écoute avant de le lourder. Bref, Setzer, c'est le Mexicain dans "les Tontons Flingueurs".
Seulement quand les albums ne sont pas bons, il faut savoir aussi en tirer les leçons et reconnaître ses erreurs. Et là, Setzer en a commis au moins deux : la première a été de vouloir encore prouver à tout le monde qu'il est un Rocker hétéroclite, qu'il sait faire autre chose que du Rockab'. Hors, c'est pour son Rockab' qu'on l'aime, le père Setzer, pour ses "Smokin'n'Burnin'" ou ses "Ring, Ring, Ring", et pas pour ses Rock FM ("Don't
Trust a Woman in a Black Cadillac"). On peut aimer ce genre de chansons, le problème n'est pas là, mais Setzer n'est pas le meilleur dans cette catégorie, loin de là. On dirait même qu'il se force à écrire et chanter ce genre de titres. Et, quand on se force, c'est bien connu, ça ne donne rien de bon.
Ce qui fait que cet album est mitigé. De très bonnes chansons, comme les deux susnommées, la Countrysante "When the Bells Don't Chime" et la sublime "Wild Wind", et d'autres pas terribles, voire franchement ennuyeuses.
Brian avait sorti en 2001 un album magnifique, "Ignition", après 4 très bons albums du BSO. On s'était dit qu'il avait retrouvé la grande pêche en trio, et que cela annonçait un retour de nouveaux
Stray Cats. Comme il l'a toujours fait dans sa carrière, il a pris tout le monde à contre-pied en ressortant un album avec son Big-Band, et, en plus, un album de chants de Noël! On lui a pardonné parce que, à défaut d'être intéressant, cet album était bon. Là, on s'attendait à un album de Rockabilly, et on a droit à un album fourre-tout. On lui pardonnera encore une fois parce qu'il est bon musicien, qu'il continuera à nous sortir à longueur de concerts des "Be-Bop-A-Lula" ou des "Fishnet Stockings", mais il a de la chance que l'on soit bon lient et très patient.
HotRodFrancky
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire