Liste des groupes Punk-Rock Spark Gap Fearology

Le premier album d’un groupe est toujours un cap. L’angoisse de savoir comme il va être accueilli, s’il va être descendu par des journalistes en colère ou porté aux nues par les fans. Heureusement pour Spark Gap, leur premier album a été bien reçu. Revendiquant une énergie punk et un son flirtant parfois avec le hard-rock, « The Boys from Alaska » est idéal pour qui recherche de la puissance brute. S’arrêter en si bon chemin aurait été stupide, et en 2014, le groupe rempile avec l’EP « Fearology ».

Ce qui frappe d’entrée sur ce nouvel EP, c’est le virage effectué au niveau du son. Alors que « The Boys from Alaska » ressemblait beaucoup au punk de la fin des 90’s, « Fearology » assume une réelle transition vers le stoner, déjà visible par fragments dans le premier album du groupe. « Feed The Wolves » commence donc avec un riff rapide et puissant et une batterie totalement martelée. Le chant se fait parfois hurlement, si bien que le metal n’est jamais très loin dans « Fearology ». La basse a aussi gagné un véritable rôle : jouant un rôle essentiel dans le style, elle est ici mise en à l’honneur par beaucoup de morceaux, notamment « The Wall » et « Steady Diamonds » qui en font presque leur principal élément. Cependant, la structure et le rythme restent bien punk : ici, pas questions de soli dantesques, mais de frappes de batterie nerveuses, de basse ronflante et de guitare acérée.

Le problème, c’est que ce modèle hard-punk dirons-nous, si bien effectué soit-il, se décline tout au long de cet EP, donnant une irrémédiable impression de répétition. Les titres se ressemblent et une impression de vide s’installe, par exemple avec « Keep The Suffering Down » qui a beaucoup trop de similitudes avec « Feed The Wolves », notamment au niveau du rythme, du riff et même de la construction des deux titres qui alternent aux mêmes moments les bridges, les refrains et les couplets. Certains titres tentent cependant d’innover, notamment le dernier morceau, « The Wall ». S’il semble parti pour être un autre titre stoner, il reste en réalité assez calme. Le crescendo subtil est appréciable, et même si la chanson est toute en retenu pendant un certain temps, elle n’en est pas moins puissante pour autant. De même, la plupart des pistes cassent également cette impression pour quelques instants, par des bridges notamment (sur « Munchhausen By Proxy » ou « Steady Diamonds »), mais la lassitude finit toujours pas revenir. Parfois, il fait même chaud au cœur de revoir des petits passages punk pour changer, par exemple sur les instants les plus soft de « Keep The Suffering Down ».

Quel est donc le bilan de ce « Fearology » ? Cet EP affiche clairement une volonté du groupe de durcir le son, faire crisser les guitares et nous envoyer de grandes bourrasques de hard dans le visage. Soit. Malheureusement, en gardant une structure presque trop classique à cause de l’alternance riff/couplet sur tous les morceaux, sans solo ni introduction aux morceaux, l’ensemble manque de relief et les quelques titres, bien que très bien joués, ne se détachent pas les uns des autres : les riffs restent très semblables et le rythme est quasiment toujours le même. Il aurait fallu en rester au punk ou agrémenter ces morceaux de quelques soli et d’une plus grande technique pour avoir un vrai album de qualité. Au lieu de ça, on a le droit à un mélange mi-figue mi-raisin, pas déplaisant mais qui nous laisse sur notre faim. Cependant, la qualité est toujours au rendez-vous, et il est probable que Spark Gap réussisse à enchaîner avec un bon deuxième album. A voir donc.